Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 6 petits-enfants.
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Un double rayon de soleil dans cette atmosphère froide et humide de début d'hiver dominée par la tristesse ... car la vie doit reprendre le dessus.
Je n'avais pas l'intention d'installer les décorations de Noël cette année, mais il faut entretenir les rituels. Je m'aperçois que nous en avons tous besoin.
Comme chaque année, Camille s'est proposée pour venir décorer le sapin. Il est bon que la tradition soit à nouveau respectée ...
Elles sont si jolies, si pleines de vie ... Quel plaisir de passer quelques moments avec elles et de discuter entre filles.
Je mesure ma chance de compter trois si belles jeunes femmes dans ma descendance - sans oublier leurs mères. Echanger sur la situation politique actuelle avec Camille, déjà diplômée en droit public et me tenir au courant des préoccupations de la jeunesse et parler de littérature avec Apolline sont, pour moi, des privilèges !
C'est pour moi, en tant que grand-mère, un bon bilan, et j'ai l'impression d'avoir rempli mon contrat.
A l’origine publié en deux tomes en 2014, cette biographie a été récemment réunie en un seul volume au format « poche » de plus de 1000 pages. Autant dire que c’est l’ouvrage de référence, comme toujours avec son auteur Jean-Christian Petitfils.
Une histoire globale d’un règne mal connu, largement déformé par les historiens et les romanciers à succès, plein de douleurs et de batailles, marqué par une guerre européenne qui dura presque toute la période et coûta tant de vies et de destructions de 1618 à 1648.
Etrange roi que ce fils d’Henri IV et de Marie de Médicis (1601 – 1643), mélancolique et solitaire, à la recherche de quelques bribes d’affection et ne rencontrant partout que désillusions. Un jeune homme courageux au combat comme dans la souffrance physique et lors de ses derniers moments, artiste, dessinateur et mélomane, amateur de chasses, jaloux de son autorité, soucieux de la gloire de son royaume en prise avec les puissances hostiles de son temps.
Une lecture qui laisse pantois devant les mythes qui entourent sa personnalité, lui qui ne fut pas le bien aimé. Pas par sa mère, en tous cas, car Marie de Médicis fut une régente orgueilleuse, imbue de son pouvoir, intrigante à la folie, peu intelligente, préférant Gaston, le jeune frère qui passa sa vie à trahir Louis espérant longtemps qu’il puisse prendre sa place puisque Louis aura attendu 23 ans avant d’engendrer un dauphin.
Une épouse espagnole qui ne se départit jamais de ses liens avec ses frères ennemis de la France, elle aussi se prêtant à de multiples intrigues.
Un enfant robuste pourtant et remuant, aimé de son père qui l’élevait avec les enfants qu’il avait eu avec ses maîtresses, mais auxquels Louis faisait bien sentir qu’il leur était supérieur. Un jeune homme tôt rattrapé par une maladie intestinale douloureuse et incurable encore aujourd’hui.
Un jeune roi d’une très grande piété, malheureux en ménage et peu attiré par les femmes mais trop dévot pour se laisser aller à des passions interdites. Et puis, pour le bien du royaume, il eut la sagesse de s’en remettre à un surdoué de la politique, son principal ministre Armand Jean du Plessis, cardinal de Richelieu. « Sans Richelieu, pas de Louis XIII, mais sans Louis XIII, pas de Richelieu ».
Les portraits de ces deux personnages et l’évolution de leur relation exceptionnelle est fascinante, de même que la fréquence des complots qui émaillent le règne de 33 ans visant à mettre à bas ce géant de la politique. Des projets criminels fomentés par les plus proches du roi et qui se terminent par des exécutions capitales ou des réconciliations aussi spectaculaires qu’éphémères. Nos intrigues de palais contemporaines n’en donnent qu’une pâle idée.
La France, un royaume divisé, en guerres continuelles, à l’intérieur – contre les Protestants alliés de l’Angleterre, les Grands mécontents alliés de l’Empereur, les « émotions » paysannes contre la pression fiscale – comme à l’extérieur pour soutenir un allié ou empêcher la prise en étau du royaume par les Habsbourg.
Incroyable aussi, le décompte effrayant des victimes des batailles quand sévissent toujours les épidémies dans les campagnes, les difficultés récurrentes de financement des armées, les récompenses distribuées aux puissants, les fortunes amassées par les traitants. Clientélisme, népotisme, clans, corruption … nos sociétés modernes n’ont rien inventé.
Durant cette Guerre de Trente ans, révoltes et émotions fiscales s’étendent dans le royaume, mais la fiscalisation et la centralisation progressent inéluctablement, dans la douleur, par la mise au pas des communautés rurales et locales, et obligent le roi à distraire des frontières une partie de ses troupes, ce qui contribue à prolonger le conflit extérieur.
Un ouvrage passionnant, qui tord le cou à un grand nombre de fantasmes et dont les péripéties sont encore plus incroyables que les plus célèbres des feuilletons. L’affaire du duc de Buckhingham, le rôle inoui de Marie de Rohan, duchesse de Chevreuse, veuve de Luynes, dit Monsieur le Grand, le premier favori de Louis devenue infatigable ennemie de Richelieu, aussi belle que vénéneuse, la conjuration de Cinq Mars … et, surprise, les élans amoureux de Louis pour de jeunes filles de sa cour comme Marie de Hautefort, idylles qui restent platoniques.
Un conseil avant d’aborder le texte : regarder parmi les annexes l’arbre généalogique de la maison de Bourbon pour s'y retrouver entre princes du sang, et les cartes des principaux lieux d’affrontements.
Louis XIII par Jean-Christian Petitfils, éditions PERRIN, collection Tempus, 1054 p., 18€
Je retrouve dans mes archives une recette publiée il y a dix ans, et qui prélude aux dîners de fêtes. Son avantage est qu'elle peut réparée la veillle, en toute tranquillité.
Celle-ci convient pour 6 à 8 personnes.
Préchauffer le four à 160° (Th : 5 à 6).
Beurrer généreusement une terrine en porcelaine, préparer une feuille de papier sulfurisé à la dimension du couvercle en crantant les bords pour bien le faire adhérer au dessus de la préparation, beurrer le côté du papier qui sera en contact avec la préparation.
Commencer par extraire la chair de quatre grandes pinces de tourteaux (au marteau ou au casse-noix) en prenant garde à ne pas y laisser des morceaux de carcasse.
Réserver les miettes de crabe.
Couper en dés quatre filets de merlan et les placer dans le bol d'un mixer.
Les écraser finement puis ajouter 4 oeufs entiers et 20 cl de crème fraîche liquide. Saler, poivrer, ajouter les miettes de crabe et une petite main de persil plat concassé. Mixer à nouveau pour bien mélanger le tout.
Faire bouillir un litre d'eau.
Verser la préparation de poisson dans la terrine beurrée, disposer les pinces de crabe au miliu en long, égaliser le dessus et placer le papier beurré en guise de couvercle.
Mettre la terrine pleine dans un plat plus grand et verser l'eau bouillante dans l'interstice (bain-marie).
Enfourner le tout pour une heure.
Laisser la terrine refroidir au sortir du four avant de la placer une nuit au réfrigérateur, cette fois en la couvrant avec le couvercle de porcelaine. Pour ma part, je préfère laisser chaque convive se servir plutôt que de risquer un démoulage toujours aléatoire ...
Une mayonnaise très légère et citronnée comme assaisonnement sera préparée au moment de servir.
« Premier roman de Victor Hugo, publié en 1831 dans la lignée de l’auteur écossais Walter Scott, alors très à la mode en France, Notre-Dame de Paris relate la destinée tragique d’une jeune gitane, Esmeralda, dans le Paris médiéval du XVe siècle. Victime de l’amour passionnel qu’elle inspire à trois hommes – Quasimodo, le carillonneur bossu, borgne et boiteux de la cathédrale de Notre-Dame, l’infâme archidiacre Claude Frollo et le jeune capitaine de la garde, Phœbus de Châteaupers –, Esmeralda incarne l’héroïsme romantique qui imprègne toute l’œuvre du grand écrivain français. »
Voici la présentation qui est faite de l’adaptation du roman célébrissime du seigneur du Romantisme en bande dessinée, dans le cadre de la collection des Grands classiques de la littérature en Bande dessinée publiée en 2017/2018 par Le Monde et les éditions Glénat.
J’avoue humblement, je n’ai découvert ce classique qu’en bande dessinée et pas « dans le texte original » … à plus de 70 ans passés … Il n'est jamais trop tard pour bien lire. Mais je n'ai vu aucune autre adaptation de ce monument de la littérature française : ni la comédie musicale, ni le dessin animé de Disney, ni les jeux video où la cathédrale sert de décor.
Je me souviens en revanche de mon émotion en regardant en direct la catastrophe du 15 avril2015 en me demandant le lendemain si je reverrai de mon vivant ce monument rétabli dans sa magnificence. Et voilà que le pari fou de la reconstruire en moins de 5 ans est largement gagné.
Depuis quelques jours, on frise un peu l’overdose de communication, mais l’exploit est tout de même fantastique. Avoir réussi à manager un tel chantier en un délai si court montre que notre pays, n’en déplaise à certains déclinistes distingués, en a encore sous le pied.
Une remarque : tout a été hors norme dans cette affaire. Il me semble que toutes les procédures administratives habituelles de commande publique, le respect des mille et une obligations imposées aux entreprises, tout cet empilement de prescriptions ont été un peu mis de côté pour une réalisation en tous points exceptionnelle. Et le tout en respectant les normes de sécurité …
Cela devrait faire réfléchir nos législateurs sur la nécessité de simplifier pour accélérer les adaptations indispensables de notre appareil productif au monde multipolaire et hyperconcurrentiel d’aujourd’hui (investissements, enseignement, mode de vie …)
Etant donné ma santé déclinante, j’ignore quand j’aurai assez de forces pour faire la queue pour visiter ce monument paré des couleurs retrouvées de Viollet-le-Duc … Car le monde entier va venir se presser dans la nef à nouveau envahie de lumière …
Je serai sans doute moins étonnée des couleurs toutes neuves que lors de ma visite à Saint Germain des prés en avril 2021 ...
Au printemps prochain, peut-être ?
En tous les cas, une réussite à laquelle j’avais, dans l’instant même de la catastrophe, participé via la Fondation de France. On se demande parfois où sont employés nos sous : là, c’est du concret !
Il y avait bien longtemps que je n’avais pas parcouru une lecture aussi jouissive …
Je connaissais Dan Franck jusqu’ici comme co-auteur avec Jean Vautrin du personnage de Boro, reporteur-photographe, et je découvre un chroniqueur passionnant de la première moitié du XIXème siècle. Et par la même occasion, cette période étourdissante de jeunes auteurs romantiques aux talents inégalés, dont il dépoussière l’image pour nous les rendre vivants, comme on lirait une revue de « peoples » contemporaine mais sans les photos des paparazzi.
Bien entendu, je lis encore avec délices les poèmes de Baudelaire - pour moi, le poète inégalé - , les romans historiques d’Alexandre Dumas -v oir la dernière adaptation du Comte de Monte Cristo - , les monuments inégalés de la littérature d’Hugo, les sinistres histoires de famille de Balzac … Mais je n’avais pas encore conceptualisé que tous ces géants de la littérature, de la musique et de la peinture se rencontraient, s’appréciaient et/ou se jalousaient, entraient en concurrence, et surtout qu’ils étaient tous ou presque de la même génération !
Alfred de Vigny, Delacroix, Stendhal, Honoré de Balzac sont nés dans les toutes dernières années du siècle précédent, les autres héros de cette saga à quelques mois de distance : Dumas et Hugo en 1802, Berlioz en 1803, Sainte-Beuve, Eugène Süe et George Sand en 1804, Gérard de Nerval en 1808, Musset en 1810, Théophile Gautier et Franz Liszt en 1811, Baudelaire et Flaubert en 1821.
Ils fréquentaient les mêmes salons, publiaient dans les mêmes journaux qui connurent un essor fantastique grâce à la publication - honneur à Emile de Girardin - de leurs œuvres en feuilletons, se repassaient les mêmes femmes : actrices, cantatrices, princesses, grisettes …
L’auteur a ses préférés : Dumas et son « nègre » Auguste Maquet (une mission que l'auteur connaît fort bien ...), Balzac et sa fuite éperdue devant les huissiers, Hugo et ses différents ménages … et ses têtes de turc aussi. Savoureux.
Cette plongée dans la vie artistique de l’époque nous les rend particulièrement attachants, avec leurs faiblesses et leur puissance de travail, leurs rivalités et leurs amitiés, leurs noblesses et leurs bassesses.
Ce premier volume entame une série de quatre épisodes dont je vais guetter les prochaines parutions avec impatience. Et cela me donne une furieuse envie de reprendre la lecture de ces romans populaires devenus classiques de renommée mondiale, bien sagement rangés dans les quelques livres de La Pléiade qui dorment depuis trop longtemps dans ma bibliothèque …
Un livre à recommander à tous les adolescents des lycées de France qui comprendront mieux le contexte décrit avec tant de vivacité et le bonheur. Ainsi mesureront-ils le plaisir que procure la lecture de ces œuvres immortelles et la somme de talents et d’énergies qu’il fallut à ces géants pour nous laisser ce patrimoine inouï.
Le roman des artistes, tome 1 : Romantismes, par Dan Franck, édité chez Grasset, 413 p., 24€
C'est une sacré étape pour une jeune fille, et qu'il convient de célébrer comme il faut.
Pour moi, cette date surpasse aujourd'hui la réouverture de Notre Dame ...
C'est donc un jour qu'il convient de célébrer avec faste.
Tu es ma dernière petite-fille et je décèle en toi de petits indices de ressemblance avec les réactions que j'éprouvais à ton âge.
Une certaine idée de la liberté de pensée, une indépendance intellectuelle que j'éprouvais à ton âge et dont je ne me suis jamais départie.
Profite bien de cette journée et pends conscience de la responsabilité qui t'écoit d'avoir 15 ans aujourd'hui, dans le monde compliqué dans lequel tu évolues ... et de la chance que tu as de vivre dans une super famille !
Aujourd’hui comme hier, ce sont souvent les femmes que l’on retrouve à la pointe du combat politique, auquel elles consacrent leur fortune, leur réputation, le sacrifice de leur vie. Ne les oublions pas.
Ainsi je découvre la biographie de celle qui fut appelée la Princesse, Christina Trivulzio épouse Belgiojoso (1808 – 1871) : née à Milan, patriote, journaliste, philanthrope, active soutien du Risorgimento et en lutte contre la domination autrichienne et ardente activiste de l’unité italienne.
Cette âme révolutionnaire est une des plus riches héritières de Lombardie. Elle a été mariée à 16 ans avec Emilio Belgiojoso mais s’en sépare rapidement, tout en maintenant de bonnes relations avec lui.
Elle conspire contre la domination autrichienne, ses biens sont confisqués, elle s’exile à Gênes, Rome, Naples et Florence, Genève, elle se réfugie en France en 1830 où elle donne des leçons particulières, écrit des articles pour Le Constitutionnel, parvient à récupérer une partie de ses biens et ouvre un salon rue d’Anjou.
Passionaria, égérie, patriote, cavalière émérite, habile au pistolet comme au couteau, parlant plusieurs langues, férue de théologie, d’une beauté partout célébrée : le teint très pâle, la chevelure d’un noir de jais, le regard lumineux. Ainsi la dépeint Dan Franck dans son dernier ouvrage dont je reparlerai demain.
On admire cette femme qui écrit des textes philosophiques et défend le saint-simonisme et la condition féminine prônée par Fourier en ces termes : « Les progrès sociaux s’opèrent en raison du progrès des femmes vers la liberté, et les décadences d’ordre social s’opèrent en raison du décroissement de la liberté des femmes. L’extension des privilèges des femmes est le principe général de tous les progrès sociaux. »
Dans son salon se rencontrent Alfred de Musset, Théophile Gautier, Augustin Thierry, Heinrich Heine, Liszt, Victor considérant et surtout le vieux général La Fayette.
Quelle époque, quelle femme, quelle vie de roman !
Pensons à toutes celles qui sont retenues aujourd’hui en otages en raison de leur activité politique en faveur des libertés.
Pas un hasard si cette exposition ouvre juste avant les achats compulsifs de Noël ! Une invite à venir faire un tour dans ces "cathédrales" rutilantes de la consommation ...
« L’âge d’or des grands magasins se situe entre 1850 et 1930 parallèlement à l’essor des transports et de l’industrie. A cette époque, ils révolutionnent les modes de consommation tout en inventant une organisation sociale nouvelle, souvent comparée à une ruche, avec une multitude d’employés sous la supervision d’un fondateur charismatique.
Entre 1930 à 1980, les grands magasins font face à l'émergence des supermarchés et hypermarchés. Pour survivre, ils deviennent des "machines à vendre", avec des stratégies marketing et une rationalisation des espaces.
À partir des années 1980, les crises économiques et la concurrence des grandes surfaces entraînent une remise en question. Certains ferment tandis que d'autres renouent avec leur identité architecturale. De nos jours, le commerce en ligne pousse les grands magasins à se réinventer sans cesse, en offrant des expériences uniques et des services toujours plus nombreux. »
Une nouvelle présentation historique de ce phénomène tellement français à l’origine, qui complète celle organisée par le Musée des Arts Décoratifs l’année dernière, avec le focus plus spécifique sur l’aménagement des espaces de vente et l’influence de ces « institutions » sur le mode de vie des contemporains et surtout contemporaines.
Pionnier du genre, Le Bon Marché, la Samaritaine récemment réhabilitée en magasin de luxe, les Galeries Lafayette et le Printemps, leurs succursales de province … Autant de souvenirs qui semblent appartenir pour moi déjà au passé, tant nos réflexes d’achat ont désormais évolué …
Ces palais de la consommation, comme la nostalgie, ne sont plus ce qu’ils étaient … Mais ils auront durablement marqué leur époque, et l’architecture commerciale.
Superbes maquettes montrant l’évolution des styles et des partis architecturaux nécessitée par la férocité de la concurrence, les technologies nouvelles, les contraintes économiques et les changements sociologiques, uniformes dans le monde occidental.
Il faut prendre le temps de regarder l’enchaînement des publicités cinématographiques des années 50 aux années 80, qui m’ont replongée dans mes jeunes années : de Poulidor qui s’arrête pour s’acheter une maillot jaune car « On trouve tout à la Samaritaine ! » à l’extraordinaire scène de ménage où le mari détruit absolument tout dans la maison de son épouse ravie, en l'attente du camion qui vient livrer un nouveau mobilier complet …
Un regard sans complaisance sur la mode et les mœurs de ce milieu du XXème siècle.
La saga des grands magasins, exposition à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine – palais de Chaillot, place du Trocadero et du 11 novembre, à partir de 11 h, ouvert tous les jours sauf le mardi, 9€. jusqu'au 6 avril.
Depuis près de 25 ans, je suis toujours fan des séries policières américaines, en particulier des multiples facettes des experts en criminalistique.
Et il faut croire que je ne suis pas la seule puisqu’au moins deux nouvelles versions style « 20 ans après » sont actuellement diffusées sur nos réseaux télévisés : Esprits criminels, évolution et Les experts Las Vegas, relancé en 2021.
La première de ces séries qu’il m’a été donné de connaitre était justement Les Experts Las Vegas, diffusée aux Etats-Unis depuis l’an 2000 : génératrice de nombreuses franchises, le concept a été largement décliné sur 337 épisodes de 42 minutes jusqu’en 2015. Mais il continue à nourrir les après-midis ou les fins de soirées des filiales des grands réseaux.
Naturellement, les comédiens ont vieilli, comme leur public : William Petersen, Jorja Fox, Wallace Langham … tout comme Joe Mantegna, Paget Brewster ou Kirsten Vangness.
Ce que je trouve amusant, c'est de retrouver parmi le casting des acteurs qui ont tenu des rôles différents dans des sagas différentes. On a parfois du mal à les reconnaître mais le plus souvent ils sont toujours doublés en français par les mêmes comédiens dont la voix fait corps avec eux. Et je suis hypermnésique en ce qui concerne les voix ...
Comme pour les séries françaises, le vivier des acteurs spécialisés dans ces séries n'est pas extensible à l'infini, quoique très souvent, on y rencontre des stars invitées. Lorsque je note au générique le nom d'une de ces vedettes du grand écran, je me doute qu'un rôle important lui sera réservé !
On ne renonce pas à une formule qui gagne … surtout pour les producteurs Jerry Bruckheimer, Dick Wolf, Mark Gordon ou Harry Bring.
Les après-midis d’hiver passent tellement vite lorsqu’on est accro !
Après avoir dévoré les épisodes de la désastreuse Guerre de Sept Ans (1756 à 1763), j’ai voulu approfondir mes faibles réminiscences du règne de Louis XV, ce souverain si décrié dont l’action couvre la plus grande part du XVIIIème siècle (1710 - 1774).
LE spécialiste de la période, c’est naturellement Jean-Christian Petitfils, dont les nombreux ouvrages allient la clarté de style, l’érudition à une vision globale de cette époque puisqu’il cumules des expériences professionnelles nettement plus diversifiées que les purs historiens.
Me voilà donc embarquée à nouveau dans un pavé de plus de 900 pages, décrivant pas à pas le parcours de cet arrière-petit fils du Roi soleil, trop tôt orphelin de ses deux parents et révéré comme une idole dès ses 5 ans.
Naturellement, cela commence par l’histoire de la Régence, et dès le départ, les intrigues de Cour foisonnent. Une grave décision va peser sur l’ensemble du règne : en échange du retour du droit de remontrance conféré au Parlement, Philippe d’Orléans obtient de celui-ci la régence pleine et entière du jeune roi, contrairement aux dispositions du testament de Louis XIV.
Nous savons que si le Régent a gouverné avec habileté et loyauté, cette mise en avant des parlements va empoisonner toute la vie politique ultérieure. Une des plaies récurrentes du règne du « Bien-Aimé » sera la lutte perpétuelle entre la volonté royale, seule source du pouvoir législatif - en particulier dans les domaines de la réforme de l’Etat et du système fiscal datant du moyen-âge et la résistance acharnée des magistrats qui prétendent eux aussi créer le droit. Car les finances sont déficitaires ... Déjà !
Ce sera épique et empoisonnera toute la période : refus d’enregistrer les édits royaux, lits de justice, harcèlement, exil des parlementaires ou embastillements, grève et blocage du système judiciaire … Nos parlementaires contemporains n’ont rien inventé.
Autre fracture dans la société : la religion. Même si les Protestants commencent à se fondre dans la masse, les querelles divisent les catholiques, jusque dans l’entourage immédiat du roi.
Elles portent sur l’irréconciliable haine entre les « dévots », partisans d’un catholicisme proche de la contre-réforme et des Jésuites, et les Jansenistes que plusieurs textes condamnent, en particulier la bulle papale « Unigenitus » qui déclare hérétique cette croyance et est adoptée comme loi du royaume en 1730. Dans notre France laïque, on imagine mal cette intolérance sans nuance.
Quel est le portrait psychologique de ce roi dont on se souvient surtout des liaisons spectaculaires ? un extrait :
« Derrière la beauté de ses traits, la distinction de ses manières, l’affable politesse de son langage, son élégance parfois hautaine, voire olympienne, on bute sur le masque d’impassibilité, qu’il est malaisé de lever. Le fond de son caractère, autant qu’on peut l’appréhender, était sombre, saturnien, cyclothymique. Entouré de flatteurs, il méprisait les hommes, peinait à croire en leur désintéressement. »
L’auteur lui accorde cependant le courage devant l'ennemi - à la bataille de Fontenoy par exemple - une intelligence au-dessus de la moyenne et une vaste cilture scientifique, une grande capacité de travail, une piété non feinte, une grande propension à la morosité. Sans oublier son addiction aux plaisirs charnels, source de scandale chez ses sujets.
Autre permanence : la valse des ministres, mais pas un de la carrure d’un Richelieu ou d’un Mazarin. Louis XV a rapidement voulu, comme son aïeul, être son propre Ministre principal, mais il n’en avait pas l’envergure, malgré une bonne volonté évidente.
Parcourir cette tranche d’histoire, qui décrit une période de raffinement extrême pendant laquelle la France a connu une expansion économique et artistique exceptionnelle sans souhaiter étendre son territoire et malgré la suprématie de l’Angleterre sur les mers, est riche d’enseignements.
En réalité, peu de choses ont évolué dans notre culture politique …
Louis XV, par Jean-Christian Petitfils, aux éditions Tempus (Perrin), 938p., 17€