Crédules, et en colère ...
Ainsi, ils seraient encore quelques professionnels de santé (12% nous dit-on) à se refuser à toute vaccination. Comment cela est-il concevable alors que la présentation du Pass sanitaire devient chaque jour plus banale ?
J’étais samedi au cinéma, dimanche au restaurant. Où est le problème de pouvoir renouer avec les plaisirs de la vie en société qui nous ont tant manqué ? A aucun moment je ne me suis sentie agressée dans ma liberté. Que craignent-ils, eux qui justement, côtoient chaque jour des malades pour la très grande majorité non vaccinés ? Savent-ils ce que signifie le mot "dictature" ? Vont-ils vraiment, dès demain, renoncer à leur salaire ?
Je ne parviens pas à comprendre. Ou plutôt si. Une grande part tient ce discours de résistance par opposition radicale à tout ce qui vient d'"en-haut", pas seulement du gouvernement, mais à ceux qui croient tout savoir - et qui ont pas mal bafouillé au début de la pandémie, il faut bien l'admettre - et qui, par essence selon cette catégorie de "protestants", méprisent les « petits ». Cette frange a toujours existé. Ouverte à toute idée folle mais qui les conforte dans la boucle de leur groupe Facebook, unis dans le refus de toute logique cartésienne. Impossible de les convaincre par le raisonnement, ils demeurent dans l’affect, la haine. Il est un terme allemand, mal traduit en français : « Schadenfreude » ou la joie de la destruction.
Une question m’obsède : comment vont réagir les enfants de ces opposants systématiques. Auront-ils la force d’âme de retrouver le sens du raisonnement objectif ? Comment enseigner un minimum de discipline aux enfants qui voient ces manifestations absurdes prospérer chez les adultes ?
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, beaucoup en France votaient - en toute bonne foi - communiste. Plus du quart de la population française. On leur avait promis monts et merveilles. Beaucoup d’intellectuels y avaient cru. D’autres ont continué à diffuser des fadaises, connaissant la vérité. Le réveil avec Khroutchev puis surtout Soljenitsine a été difficile. Une raison de plus de ne plus jamais faire confiance en ceux qui parlent d’« en-haut ».
Aujourd'hui, en revanche, ces opposants ont plutôt le coeur à droite, voire à l'extrême droite et ce sont les thèses complotistes qui abreuvent les plus crédules. Diffusées de façon systématique, selon un plan bien agencé. Tout ce qui peut déstabiliser les systèmes démocratiques – même fonctionnant aussi mal que le nôtre en ce moment – est bon pour les régimes autocratiques.
La période que nous traversons est complexe. La société de consommation a laissé sur le bord du chemin bien des gens déboussolés. L’individualisme forcené, obstacle à toute solidarité réelle, empêche l’émergence d’une force d’opposition cohérente. Il n’existe pas encore – à ma connaissance - de projet réaliste pour remplacer efficacement la politique menée par le pouvoir (sinon, on aurait à disposition un programme de gouvernement alternatif). Nous retrouvons une situation, très classique en France, d’émiettement des forces politiques - à gauche comme à droite - et d’attente d’un consensus miraculeux et/ou d’un héros providentiel. Une crise aiguë de légitimité à tous les niveaux.
La préparation de la prochaine élection n’arrange pas les choses. Il n’est qu’à enregistrer la multiplicité des candidatures*, et le catalogue hétéroclite de leurs propositions toutes plus fantaisistes les unes que les autres. Il faut à certain.es une dose d'inconscience de ses propres limites pour postuler à cette fonction dans le monde dangereux qui est le nôtre.
Les batailles d’ego sont incompatibles aves les compromis, nous ne savons pas gouverner de façon stable sous forme de coalition, c’est la raison pour laquelle la Constitution a instauré le scrutin majoritaire. Et c'est pourquoi une grande partie des électeurs ne s’estime pas représentée. Et hélas déserte les urnes. On en revient à une forme de scrutin censitaire : seuls votent ceux qui ont réfléchi ou sont passionnés et se déplacent. Donc, beaucoup de "vieux", et tous les fanatiques. Pas nécessairement le reflet du pays réel. D'où une source de frustration : le serpent se mord la queue.
En cela, les « Gaulois réfractaires » sont d’irréductibles individualistes, pour leur plus grand malheur.
*Pour l'instant, on compte 14 candidats déclarés, 2 probables, 11 candidats à une primaire ...