Travailler ou pas le lundi de Pentecôte ?

Mon éducation religieuse a été tout à fait sommaire. Mais une question me taraude chaque année : pourquoi, dans notre pays qui vit une laïcité de combat, avons-nous le loisir de ne pas travailler certains lendemains de fêtes catholiques comme les lundis de Pâques et de Pentecôte, ou pour l'Ascension et le 15 août ? Je me posais déjà la question voici 10 ans ...

La Pentecôte est célébrée le septième dimanche soit quarante-neuf (7 fois 7, chiffre biblique !) jours après Pâques. La date en est donc variable puisque Pâques est une fête mobile. Comprise entre le 10 mai et le 13 juin, c’est la troisième des cinq fêtes cardinales de la lithurgie catholique.

« Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu. Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d'un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d'eux. Et ils furent tous remplis du Saint Esprit et se mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer. » Actes 2:1-4

L’évènement concerne environ 120 disciples de Jésus — dont les 12 — et comme témoins des gens venus de « toutes les nations ». L'image du feu — conforme à la tradition juive (la remise des tables de la Loi à Moïse sur le Mont Sinaï) que l'épisode entend renouveler — matérialise la « Voix » divine. La tradition chrétienne présente la Pentecôte comme la réception du don des langues qui permet de porter la promesse du salut aux confins de la Terre (donc, l'évangélisation de tous les peuples).

La célébration de la Pentecôte n'apparaît pas avant le 2ème siècle, elle est liée à la fixation de la fête chrétienne de Pâques prolongée par une cinquantaine de jours de célébrations. Mais ce n'est qu'à partir du 4ème siècle que la Pentecôte est instituée à l'ultime des cinquante jours de cette période et solennisée un dimanche ; elle est attestée à Rome et Milan vers 380 (mais pas un lundi !!).

Depuis le concile Vatican 2 (1962), l'octave de la Pentecôte n'est plus solennisée. C’est une occasion de célébrer le Saint-Esprit, troisième personne de la Trinité. À travers la Pentecôte, l'Église commémore l'anniversaire de sa propre fondation. Les trois symboles bibliques que reprend la liturgie sont la colombe, le souffle de vent et les langues de feu répandues lors de la venue de l'Esprit.^.

Dans certains pays comme le nôtre, le lundi de Pentecôte est férié : en Allemagne, Autriche, Belgique, Hongrie, Islande, Lichtenstein, Monaco, Luxembourg, Pays-Bas, dans certains cantons suisses, en Norvège, Danemark, Ukraine, Chypre, Grèce, Madagascar, au Bénin et au Togo, Côte d'Ivoire et au Sénégal pourtant un pays à 90 % musulman. En Suède, il ne l'est plus depuis 2005, et il ne l'est pas dans des pays pourtant de tradition catholique comme l'Italie, le Brésil, l'Irlande, l'Espagne, le Canada, le Portugal, la Pologne, le Cameroun ou la Russie.

En France, le lundi de Pentecôte a été jour férié depuis le Concordat de 1801 et jusqu'en 2004, à la suite de la décision du Gouvernement d'en faire une journée de solidarité envers les personnes âgées et en situation de Hadicap. Le lundi est devenu non chômé pour beaucoup d'entreprises, les salariés devant alors travailler sans percevoir la rémunération supplémentaire relative à un jour férié. Bref, plus personne n'y comprend rien.

Les règles concernant ce travail non rémunéré sont toutefois assouplies depuis 2008, et les salariés ne sont plus tenus de travailler ce jour-là. Dans la polémique liée à cette mise en place, l'épiscopat français a déclaré qu'il n'y avait pas objection d'ordre religieux à sa suppression, mais réclama une concertation.

Comprenne qui pourra, mais de toute cette documentation puisée naturellement sur Wikipedia, je retiens que cette façon de chômer le lundi de Pentecôte remonte au Concordat de Napoléon … une époque où les travailleurs ne bénéficiaient pas des 35 heures ! Mais la France n’en est pas à une contradiction près !

Loin de moi toute tentative de prosélytisme (ni dans un sens, ni dans l'autre).

Cependant, je ne puis me résoudre à ignorer les racines chrétiennes de notre histoire (et de l'histoire de l'art en particulier) et je me demande comment les jeunes d'aujourd'hui - et les moins jeunes - peuvent interpréter certains tableaux des grands maîtres, dans les églises ou les musées qu'ils visitent, devant les représentations religieuses si mystérieuses ...