La femme aux doigts d'or, polar historique de Jean-Christophe Portes

Depuis 2015 et L’affaire des corps sans tête, les six épisodes des aventures de Victor Dauterive m’ont fait comprendre la mécanique de la Révolution.

Grace à la suggestion du libraire à la houpette Gérard Collard, j’ai ainsi découvert les polars historiques de Jean-Christophe Portes et j’ai illico approfondi mes connaissances sur cette période cruciale de notre histoire par une lecture plus "sérieuse" d'historiens incontournables (E. de Waresquiel, entre autres).

Le dernier opus de la série des aventures de Victor Dauterive, La femme aux doigts d’or, est encore plus haletant que les précédents. Nous y retrouvons la « tribu » logée désormais chez le jeune – il n’a que vingt ans - capitaine de gendarmerie, missionné en cette fin d’année 1792 par Danton.

Plus encore que le fil de l’intrigue, c’est l’ambiance délétère de cet hiver neigeux qui nous emporte sur les routes du Nord, vers la Belgique conquise par les armées révolutionnaires et où la Convention envoie – pure action de propagande -  une troupe pléthorique de comédiens pour convaincre les Flamands de la supériorité des idées françaises de liberté, d’égalité et de fraternité. Ce qui insupporte les Anglais, naturellement.

Cependant, après l’enthousiasme général de 1789, on est passé de la suspicion à la colère puis à une sorte de peur diffuse. La Révolution n’a eu aucun impact positif sur les pauvres et n’a pas plus perturbé les trafics des spéculateurs – sur les assignats, les fausses rentes, les fournitures aux armées – bien au contraire. On soupçonne des complots partout - et ce ne sont pas seulement des fantasmes - jusqu’au sein des Comités révolutionnaires.

Pendant ce temps, le roi déchu de son trône, prisonnier au Temple, attend de savoir s’il aura droit à un procès, s’il sera défendu, s’il sera condamné à mort ou simplement exilé. Depuis la découverte des papiers serrés dans l’armoire de fer, chacun est persuadé de sa trahison. Les séances à la Convention sont houleuses, la corruption rode. Certains projettent de l’exfiltrer de sa prison pour le replacer sur son trône.

Au début de cette nouvelle affaire, Victor Dauterive enquête à Bruxelles sur la défenestration d’une servante qui ne peut être que criminelle, d’autant plus que quelques jours plus tard, sa patronne, comédienne et courtisane qui a séduit Victor, subit le même sort. Celui-ci mène ses investigations en compagnie du député Charpier devenu son protecteur mais aussi avec Joseph et Marie-Anne Potron, ses protégés et Olympe de Gouges qui se met de plus en plus en péril par ses prises de positions extrémistes.

On apprend davantage sur la personnalité désormais plus affirmée du jeune héros : il peut se montrer brusque, parfois hautain, il a ses préjugés et se trompe parfois, hésite souvent, a des scrupules. Mais il est sincère, ne calcule pas, est capable de risquer sa vie pour ceux qu’il aime. Et dans cet épisode, il risque sa vie et se fait rouer de coups à plusieurs reprises.

Les femmes tiennent un rôle éminent dans ce complot à multiples tiroirs où se mêlent trahisons, ralliements opportuns, prévarication, coalitions parlementaires et haines exacerbées entre Girondins et Montagnards … Rien ne change à plus de deux siècles de distance.

Tout se termine au matin du 21 janvier 1793 à la fois place de la Révolution et dans le logis de Victor où Marie-Anne donne naissance à une fille qui n’est pas la sienne. La Terreur approche ... la guerre civile aussi : une affaire à suivre.

N.B. Il n'est pas indispensable d'avoir lu les précédents épisodes de la vie trépidante de Victor car l'auteur nous en donne d'utiles éléments. Cependant, je mets en garde le lecteur : dès que vous aurez commencé la série, vous n'aurez plus qu'un objectif : en lire les six premiers livres !

La femme aux doigts d’or, roman historique de Jean-Christophe Portes, aux éditions City, 344 p., 20€.

Comments

[Jauneyris]

Merci pour cette référence bibliographique, j’ai lu des ouvrages de cet auteur, sur vos suggestions bibliographiques, que j’ai appréciés. Agréable journée