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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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30 avril 2024

Le cinquième soleil, une autre histoire des aztèques, essai de Camilla Townsend

J’ai été profondément impressionnée par l’exposition qui se déroule en ce moment au musée du quai Branly « Mexica, des dons et des dieux ». C'est la raison qui m'a poussée à acheter cet ouvrage.

Fruits des recherches archéologiques menées autour du Temple majeur de Mexico, les offrandes présentées mettent en lumière l’extraordinaire pouvoir politique et économique que cet empire exerçait à l’arrivée des conquistadors espagnols en 1519.

La révélation d'une société dynamique et expansionniste, qui étendait sa domination politique et économique de l’Atlantique au Pacifique et de l’ouest du Mexique à la frontière actuelle avec le Guatemala, mais aussi une excellence artistique et une pensée symbolique et religieuse complexe.

L’ouvrage de Camilla Townsend retrace l’histoire des Aztèques – quoiqu’aucun peuple ne se soit jamais appelé ainsi – plusieurs générations avant la conquête espagnole, et plusieurs siècles après. En réalité, il s’agit de différents peuples partageant la même culture, venus de l'Amérique dunourd à travers le "pont" glacé de l'Alaska qui furent conquis par les Mexicas (prononcer Me-chi-ca) et se désignant eux-mêmes comme les Nahuas.

L’autrice s’appuie principalement sur des sources écrites par les nahuas eux-mêmes, relatés dans des «annales» indigènes, bien moins biaisées que les documents espagnols.

La plongée dans la culture et la vision du monde nahuatl a de quoi nous étonner. La stratégie des chefs d’avant la conquête par les Mexicas est de savoir gérer efficacement les différents familiaux et les règles de succession complexes générées par la pratique généralisée de la polygynie (polygamie) afin de cimenter des alliances nécessaires à la conservation du pouvoir.

Le chef Moctezuma l’Ancien (1398 – 1469) règne pendant 29 ans en étendant considérablement son territoire autour de la vallée centrale du Mexique et en consolidant sa domination sur les cités-Etats rebelles qu’il avait conquises non sans peine au début de son règne. Ainsi, dans les années 1470-1480, son territoire compte environ 1,5 million d’habitants et la ville de Tenochtitlan 15 km² et 50000 personnes, 100000 avec sa zone urbaine.

Rivalités sanglantes entre clans et lignées, guerres civiles, luttes fraternelles, en 1502, Moctezuma le jeune est choisi comme nouveau chef. Il déploie une intense activité administrative, crée 38 provinces avec pour chacune un représentant à sa main, qui commandent des garnisons, recueillent les tributs, organisent les cérémonies publiques, rendent la justice.

Cependant, la victoire des conquérants d’Hernan Cortez est inéluctable, même si les combats furent sanglants de part et d’autre. Les Mexicas ont le nombre mais ne peuvent rien contre la technologie : les cuirasses métalliques, les chevaux, les arquebuses, les canons …

L’ouvrage souligne aussi la grande adaptabilité des Nahuas : apprentissage de l'écriture latine et de la langue espagnole, adoption du christianisme … Il n’en reste pas moins que cette colonisation est d’une cruauté infinie, sans compter les ravages extraordinaires des vagues d’épidémies apportées par les conquistadors : variole, rougeole, coqueluche …

A travers - entre autres - l’œuvre du chroniqueur Chimalpahin qui donne un compte rendu année par année des événements qui se sont déroulés à Mexico entre 1570 et 1615 en langue nahuatl, c’est l’histoire de Fleur de Bouclier sur son bûcher, les stratégies d’Itzcoatl, le chant courageux de Serpent rutilant devant le roi Axayacatl, Moctezuma, la belle esclave, compagne et interprète de Cortez Malintzin, la Malinche, la présence des esclaves noirs fraîchement débarqués, le sort tragique des fils d’Hernan Cortez, ces personnages prennent vie à nouveau.

Malgré l’hispanisation à outrance menée après la guerre d’indépendance (1810 – 1821), un million de mexicains parlent encore aujourd’hui la langue des nahuatl …

 

Camilla Townsend, née en 1965, diplômée de Bryn Mawr College et de Rutgers University où elle enseigne aujourd’hui l’histoire, est spécialiste de l’Amérique précolombienne et du nahuatl. Le Cinquième Soleil a été récompensé en 2020 par le prestigieux Cundhill History Prize.

 

Le Cinquième soleil – Une autre histoire des Aztèques par Camilla Townsend, traduit de l’anglais par Sylvie Taussig aux éd. Albin Michel, 403 p., 26 euros.

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