A quoi sert la presse écrite aujourd'hui ?
J'avoue tout !
Je me souviens d'un temps où nous achetions chaque jour au moins Le Monde et moins souvent Le Figaro, et la matinée du samedi était consacrée à la lecture et au commentaire des hebdomadaires - L'Express, Le Point, Le Nouvel Obs ...
Depuis la dérive franchement politique de certains de ces journaux - et je ne parle même pas de "France-Soir", l'unique quotidien de mon enfance, dont je dévorais les deux bandes dessinées verticales situées en dernière page, qui n'existe plus sur papier depuis 2011 mais est devenu carrément complotiste - mais surtout depuis l'éclosion des chaînes de télévision en continu et de l'Internet, je ne lis plus aucun journal.
A deux exception près : le Figaro du samedi - sec, sans ses annexes - uniquement pour sa grande page de mots flêchés, et le tout nouveau "Franc-Tireur" du mercredi, sur un format réduit, avec les signatures qui correspondent à mes opinions modérées. Un peu comme un anti-Canard enchaîné, en somme. Et lui aussi sans publicité, donc libre de toute influence.
J'oubliais la presse régionale, lorsque je séjourne en Lot-et-Garonne : nous achetons les deux quotidiens rivaux "La Dépêche" et "Sud-Ouest - comme ça, les deux versants de l'opinion républicaine sont représentés.
On comprend que la Presse écrite, dans son ensemble, subisse une crise profonde et soit menacée de disparition. Consacrer 3,20€ chaque jour à des articles sans réelle valeur ajoutée alors qu'il suffit d'ouvrir son ordinateur ou sa télévision pour être informé en permanence, c'est méritoire. Bon, il y a aussi des foules de gens qui consacrent 10€ à leur addiction quotidienne. Cela ressort de la liberté de chacun.
J'imagine que le processus a commencé avec les radios d'information, comme Europe 1 - en particulier en mai 1968. J'ai hélas récemment abandonné cette station après tant d'années de fidélité pour des raisons de baisse de qualité et d'orientation politique trop marquée à mon goût.
Le risque létal étant que les organes de presse ne deviennent, comme c'est déjà le cas aujourd'hui, la "danseuse" d'un magnat de l'industrie, comme lors de l'explosion de la presse au XIXème siècle : le roman de Balzac - récemment magistralement adapté au cinéma par Xavier Giannoli - "Les illusions perdues" - nous rappelle ce que fut l'information de ces débuts, totalement inféodée à l'argent.
Tout et n'importe quoi, nous ne savons plus très bien à qui nous fier. La désinformation systématique règne ... plus personne ne sait que et en qui faire confiance. Trop d'information tue l'information. Nous vivons un drôle de temps, nous y perdons nos repères. C'est inquiétant pour l'avenir de la démocratie.
L'information est devenue en ce moment tellement anxiogène que la seule façon de s'évader reste, pour moi en tous cas, la lecture d'un livre. Sur du papier, avec l'odeur de l'encre, les pages qui crissent quand on les tourne, les fautes typographiques que je corrige pour un éventuel futur lecteur car la lecture est aussi un passage de relais ...
En attendant, une fois - et partiellement - lu, le journal sert aussi à envelopper les épluchures. Il est biodégradable ... Hier matin, c'était pour une blanquette dominicale ...
Nous nous sommes hélas bien éloignés de cette phrase de Blaise Pascal « Je ne crois que les histoires dont les témoins se feraient égorger ».
En fait, j'ai oublié un élément déterminant : la Presse écrite permet de publier des pages de publicité ... Dans les hebdomadaires en couleurs, c'est tout de même plus joli et alléchant que sur internet ...