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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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23 mars 2022

Pas de littérature ! polar de Sébastien Rutés

S Rutes

Un polar décapant, publié dans la collection noire de Gallimard, le diamant noir de l’édition du genre ?

Bien plus que cela : une sorte d’ovni littéraire (en dépit de son titre), un exercice de style sur l’essence même de l’écriture, du langage, de la relation complexe entre l’auteur et le lecteur, et surtout le sens profond de la traduction et/ou adaptation.

Un collage astucieux aussi, bourré de références qui « parlent » aux aficionados de Raymond Chandler et de son génial adaptateur Boris Vian. Des décors qui vous transportent aussi dans « Touchez pas au grisbi » de Jacques Becker (1954) et, pour moi, plus récemment, évoquent l’irrésistible film de Carl Reiner (1982) « Les cadavres ne portent pas de costard ».

Le narrateur, fondu de littérature mais qui n’a réussi à produire qu’un seul roman, travaille chez Gallimard comme traducteur à la chaîne de polars américains qu’il est chargé d’habiller du jargon (argot) du « milieu » franchouillard pour faire plus « vrai ». Il cherche à se plonger dans le milieu de la pègre parisienne pour enrichir son lexique professionnel.

En fait, il n’est qu’un naïf  imposteur : réembarqué par erreur en Angleterre lors du désastre de Dunkerque en 1940, il en est revenu auréolé de son séjour chez les Français Libres, mais n’en a pas profité pour apprendre la langue de Shakespeare. C’est son épouse, précédemment mariée à un Américain, qui traduit les textes avant qu’il ne les mette à la sauce souhaitée par l’éditeur. Un travail organisé comme une chaîne de montage … La taylorisation est à la mode au moment où se déversent les crédits du Plan Marshall.

Plus sérieusement – mais il est difficile de qualifier ainsi cet ouvrage plein d’humour (noir, naturellement) qui ressemble à une bande dessinée – l’auteur – professeur de littérature latino-américaine et spécialiste du roman noir dans le civil et familier de l'écriture à quatre mains – met en lumière un thème qui lui est cher : le dialogue entre les cultures.

 

grand sommeil

Ici, au lendemain de la Libération, le choc des civilisations entre l’Amérique libératrice, imposant la diffusion de quotas de films et introduisant son Coca-cola au pays du bœuf bourguignon et de la blanquette de veau.

Gringoire Centon, héros malgré lui, pris sans cesse pour ce qu’il n’est pas, s’en sort in extremis, mais il nous incite fortement à lire ou relire « Le grand sommeil » dans la traduction de Boris Vian, le modèle du genre. Si possible dans l’édition originale de la collection cartonnée noir et jaune de la NRF (1948).

La question sans doute à ne pas poser : comment le lecteur peut-il apprécier ce qui relève du talent de l'auteur et celui apporté par le traducteur ?

 

Pas de littérature ! Polar de Sébastien Rutés, pubié chez Gallimard à la NRF, 253 p., 19€

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