Un nouveau Président pour les Etats-Unis ... et la planète !

Quelques réflexions pour y voir un peu plus clair sur le vote en faveur de Joe Biden contre Donald Trump. 

Nous avons d'abord assisté à une mobilisation extraordinaire du corps électoral – tous partis confondus - pour cette élection. Alors que les habitudes des américains ne sont pas d’aller voter en masse (un taux de 50% d'abstentions est classique), la participation de 2020 a été la plus importante depuis 1900 lors de ce scrutin hystérisé par les deux clans.

Chaque candidat a donc bénéficié d’une large réserve de votants, mais c’est aussi ce qui a pu tromper les calculs des sondeurs. Par exemple, Trump a bénéficié de 71 millions de voix contre 68 en 2016, son socle électoral reste très puissant. Mais les spécialistes le considèrent désormais comme étant « au taquet » car il a surtout progressé, selon Mathieu Gallard (IFOP), dans les états « qui ne servent à rien ». Biden a quant à lui mobilisé les jeunes issus des minorités, absents en 2016 car rejetant la personnalité d’Hillary Clinton : Biden représente entre 53 et 56% des votes des 18 – 29 ans.

Mais surtout, sur les 160 millions d’Américains qui ont voté cette année, 65,2 millions l’ont fait par correspondance, selon une estimation du US Elections Project, 71 millions pour Trump et 74 pour Biden. A cause de la pandémie, naturellement, et malgré les tentatives de restreindre le nombre de bureaux de vote ou les conditions d'inscription sur les listes électorales dans les régions où le vote démocrate est traditionnellement majoritaire.

Car l’élection du Président des Etats-Unis ne se fait pas au suffrage universel direct comme chez nous mais au scrutin indirect*. Il peut être majoritaire en voix dans l’absolu et être battu car il n’a pas réuni le nombre requis de grands électeurs (plus de 270).

Le jour de l’élection présidentielle en effet, les votants ne votent pas pour le « ticket » Président-Vice-Président, mais pour une liste de grands électeurs.

Ces grands électeurs sont désignés selon les lois définies par chaque Etat. Chaque Etat de l’Union a son identité territoriale propre, antérieure à la formation du gouvernement fédéral. Le Président de l'Union est élu par les Etats et non par le peuple ...

Il sont 538 grands électeurs, plus 3 pour le District de Washington. Chaque Etat reçoit autant de grands électeurs qu’il possède de Représentants et de Sénateurs et au moins 3. Ils sont désignés par les partis ou choisis au cours de Primaires. L’Alaska, les deux Dakotas, le Delaware, le Montana, le Vermont et le Wyoming n’ont ainsi que 3 grands électeurs (ni Porto-Rico, ni Guam qui sont des territoires et non des Etats ne participent à l'élection du Président).

Dans chaque Etat (sauf au Nebraska et dans le Maine), celui qui passe en tête rafle la totalité des grands électeurs désignés par son parti. Il peut se trouver un grand électeur « infidèle » qui vote contre son camp, mais c’est très rare et cela n’a jamais modifié le vote pour le Président.

Comme chaque Etat définit ses propres modalités de vote, et en particulier les dates limite de réception des bulletins, il faut attendre le dépouillement global des tous les votes arrivés dans les temps pour obtenir la statistique nouvelle de l’électorat, comté par comté. Mais la tendance est désormais claire (Biden aurait obtenu 50,5% des voix contre 47,7 pour Trump au dernier comptage cité par le JDD) et les Démocrates attendent avec sérénité les résultats des recomptages, puisqu’ils savent bien qu’ils n’ont commis aucune fraude et que l’élection de Joe Biden doit être absolument sans tache.

Ce qui n’empêchera pas toutefois que des millions d’Américains ne soient persuadés que l’élection de leur champion Républicain leur a été volée.

Je souhaite bon courage et plein d’énergie à Joe Biden et à Kamala Harris, sa belle vice-présidente.

*Notre Sénat est, lui aussi, élu selon un mode de scrutin indirect via un collège de 162000 grands électeurs élus dans chaque circonscription (maires, conseillers régionaux, départementaux, municipaux, députés et sénateurs).

Comments

[Marie-Pierre]

Ah non alors, je me sens tellement fière d'être femme, même si ce fut parfois difficile de s'imposer, à ma génération, dans un monde de mecs. Mais c'était un temps où l'économie française avait besoin de "bras" et surtout de cerveaux, quel que fut, finalement, leur genre. Je mesure aujourd'hui le chemin parcouru, à travers, effectivement, la réussite professionnelle de mes trois filles. Et surtout de faire enfin comprendre que nous pouvons faire et élever des enfants tout en poursuivant une carrière. Mais le fait d'être belle n'enlève rien à l'intelligence d'une femme comme Kamala Harris. On peut surtout imaginer quels obstacles elle a dû surmonter pour accéder à sa situation actuelle en étant femme, métis (jamaïcaine/ tamil), donc femme de couleur dans un pays hyper raciste ...

[ML]

Je m’attendais bien à ce que Martine fasse une remarque comme elle a l’habitude de le faire régulièrement . Je suis d’ailleurs toujours étonnée qu’elle continue à suivre Bigmammy qui n’a manifestement pas les mêmes idées ni le même mode de vie qu’elle et qu’elle tacle souvent . Je ne poste pas souvent mais aujourd’hui je le fais car j’en avais envie depuis longtemps même si ça ne lui plaira pas .

Certes Kamala Harris est une femme remarquable qui risque d’ailleurs de devenir peut être présidente plus vite que prévu ce qui fait peur à beaucoup d’Américains .

Elle a bien sûr été l’opposante de Biden mais c’était celle la plus compatible pour réussir un ticket gagnant et malgré le racisme de beaucoup d’Américains .On lui reproche, aussi certaines positions qu’elle avait prises en tant que procureure .

Je ne crois pas que Bigmammy soit sexiste et la réussite de ses filles montre qu’elle les a éduquées pour être des femmes actives et battantes.

[Prudence]

J'ai beaucoup apprécié votre décryptage clair et concis des élections américaines ce qui permet de bien comprendre pourquoi ce n'est pas au nombre de voix que se fait l'élection, merci.

[Martine]

La vice présidente est belle, mais je trouve cela réducteur voire sexiste, elle a surtout des compétences aussi bien juridiques que politiques.



Elle est aussi ambitieuse ( et là c est une qualité), ne pas oublier qu''elle se présentait aux primaires contre J Biden