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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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2 mai 2020

La peste et le baron Haussmann

 

napoleon3

 

« Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre
La Peste (puisqu’il faut l’appeler par son nom)
Capable d’enrichir en un jour l’Achéron,
           Faisait aux animaux la guerre.
 »

Ainsi commence la fable de La Fontaine. Il faut dire qu’à l'époque du délicieux fabuliste, les pandémies comme celle que nous traversons aujourd’hui n’étaient pas rares. Jusqu’au choléra de 1832 qui coûta la vie à Casimir Perier, Président du conseil, après sa visite des malades à l’Hôtel-Dieu. Pourtant, l’un des médecins le plus réputé de l’époque, François Broussais, prétendait que le choléra n’était pas contagieux … Comme quoi, les avis des scientifiques …

J’ai une passion pour l’urbanisme haussmannien : la régularité des façades et l’homogénéité du mobilier urbain, la volumétrie des immeubles, leur conception permettant un ensoleillement maximal et une inertie thermique efficace, les perspectives sublimes sur les grands monuments dégagés de leur gangue de taudis, la rationalité des équipements publics.

 

guider

Je rends grâce aujourd’hui à l’émission très « grand public » diffusée jeudi soir sur France 2, en compagnie de Stéphane Bern et Lorant Deutsch. Car au-delà des images fantastiques en 3D, j’ai surtout apprécié la mise en lumière de l’œuvre sanitaire des ingénieurs visionnaires du Second empire, et, sous-jacente, la pensée volontariste de Napoléon III, cet homme d’Etat si communément vilipendé.

Car l’homme, dans ses exils précédents, avait beaucoup voyagé, séjourné en Angleterre, en avance sur son époque sur bien des points. Si le promeneur de Paris aujourd’hui admire les belles avenues toutes de pierre de taille revêtues (merci André Malraux pour l’obligation périodique de ravalement), ce que l’émission montre aussi, c’est ce qui ne se voit pas !

 

IMG_3019

Certes, pour financer les énormes chantiers de percement des voies nouvelles, il a fallu recourir à la spéculation. La mécanique était simple : on vendait à des promoteurs l’emprise foncière pour construire les immeubles de rapport – mais selon des normes précises – et le prix permettait de financer dans la foulée les équipements urbains. Ainsi se sont édifiées des fortunes colossales – lire « La Curée » de Zola - mais il a été possible d’assainir les quartiers les plus denses, pauvres et dangereux pour le bon bourgeois de la capitale.

Imaginons la révolution sanitaire et sociale de la distribution de l’eau (et du gaz) à tous les étages – une sacrée corvée en moins pour les femmes, en particulier les domestiques – et surtout le système fantastique de l’évacuation des eaux usées, l’alimentation de la ville par captation des sources à des kilomètres, leur acheminement par aqueducs, l’innovation consistant à séparer les réseaux de distribution eau  potable/eau non potable (une particularité de Paris). Ce fut l’œuvre de l’ingénieur Belgrand.

Paris manquait aussi d’espaces verts publics ; c’est l’ingénieur Alphand, écolo avant l’heure, qui a planifié la création des squares, parcs et bois plantés de toutes sortes d’arbres adultes. On lui doit aussi  la vogue du sport de plein air accessible à tous.

 

Paris Loyer

Nous devrions tous, parisiens, rendre hommage à ces brillants technocrates d’une époque où les fortunes croissaient grâce à la révolution industrielle et un pouvoir exécutif fort.

Paris leur doit énormément, et il faudrait cesser de ressasser l’unique motif allégué qui aurait été d’ouvrir de larges voies à travers la ville pour faciliter les mouvements de troupes et enlever des barricades. Il y avait de ça aussi, mais pas que.

Paris ne serait pas la capitale la plus visitée au monde sans l'oeuvre colossale du baron Haussmann, en particulier grâce à des équipements sanitaires qui fonctionnent parfaitement encore aujourd'hui.

Sonvenons-nous-en en ces temps où nous restons confinés à la maison ... imaginons ce qu'aurait coûté une pandémie comme celle que nous traversons aujourd'hui sans les réseaux conçus par les ingénieurs du baron Haussmann, malgré ses "Comptes fantastiques" publiés par Jules Ferry ... 

Lire aussi  : Paris XIXème siècle, l’immeuble et la rue de François Loyer ; L’invention de Paris d’Éric Hazan, Paris-Haussmann, modèle de ville, exposition au pavillon de l’Arsenal (2017)

Commentaires
S
Bravo pour votre article. Entièrement d'accord avec votre analyse.<br /> <br /> Notamment sur le point concernant les larges voies qui auraient été construites uniquement pour faciliter les mouvements de troupes et enlever les barricades. Cet argument est un peu ridicule quand on sait que de toute façon ces nouvelles avenues n'ont pas empêché la commune de Paris en 1871.
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C
Non parisienne, je suis très fière de notre capitale et nombre de vos billets , Marie-Pierre, confortent ce sentiment. L'émission de France 2 ,outre son grand intérêt pédagogique, m'a laissée interrogative sur notre capacité actuelle à relever des défis tels que ceux remportés au XIXeme siècle, tous domaines confondus.
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