Hier encore ... il y avait Charles Aznavour
L’âme de l'idole de ma jeunesse, celui dont je connais encore les paroles des chansons par cœur, s’est envolée.
Charles Aznavour, l’artiste total, le seul chanteur que je suis allée voir sur scène à l’Alhambra en 1960 ; j’avais 14 ans, ma maman était fan, elle m'avait emmenée et je m’en souviens comme si c’était hier. Un poète contemporain de la langue française, un chanteur populaire, un acteur sensible, un homme droit, engagé, un amoureux de son pays d’accueil sans jamais oublier celui de ses ancêtres.
Il avait commencé sa carrière en 1946, l’année de ma naissance, et il est mort à 94 ans, d’un seul coup, comme mon père. Il était né dans ma rue, à la clinique Tarnier, en 1924. J’ai toujours en mémoire ses plus belles créations, souvent sur des musiques de son beau-frère Georges Garvarentz.
C’est donc en 1960 qu’il a connu le début du très grand succès – il avait déjà 36 ans - avec le titre « Je m’voyais déjà », et puis aussi : Sur ma vie, Hier encore, la Bohème, La jeunesse (ma préférée), Emmène-moi, Désormais, Après l'amour, La Mamma, Hier encore, Il faut savoir, les comédiens, Mes emmerdes, Deux guitares, Que c’est triste Venise, Tu t’laisses aller, Comme ils disent, She ...
Et encore pour Johnny Halliday : Retiens la nuit ou pour Sylvie Vartan : La plus belle pour aller danser … parmi 1400 textes. Les chansons de ma génération. Les chansons du siècle.
Je l’ai également adoré comme comédien : Tirez sur le pianiste, Un taxi pour Tobrouk, Les fantômes du chapelier …
Vendredi dernier, il passait à l’émission d’Anne-Elisabeth Lemoine et il était pétillant, passionnant … Il me faisait penser justement à mon père, mort dans la force de l’âge, en pleine possession de ses moyens, à 94 ans aussi.
C’est un privilège de vivre ainsi son art jusqu’au dernier jour. Ne soyons pas tristes mais gardons-le dans notre cœur ; il fait partie à jamais de notre patrimoine et restera un honneur pour la France.