Hôtel Singapura, film d'Eric Khoo ("In the Room")
Cent ans d’histoire de Singapour – du jour de la capitulation des britanniques devant les Japonais à l’époque contemporaine, à travers l'évolution (du mobilier, du décor des murs ...une trame facile ...) de la chambre 27 et des couples qui l’occupent.
Et que fait-on dans une chambre d’hôtel, à part y dormir ? Devinez !
Des scènes de sexe, certes, certaines drôles comme la formation de jeunes prostituées chinoises, d’autres infiniment plus pessimistes … Car la plupart du temps, « la chair est triste, hélas … ».
On pense inévitablement à un autre film, « In the Mood for Love » (en 2000), mais Eric Khoo n’a pas encore le talent de Wong Kar Waï.
Ici, c'est moins soigné et sans la musique inoubliable. Mais ici aussi, langueurs, longueurs, larmes, orgasmes réels ou simulés, avec une pointe d’humour … Surtout, la volonté de montrer combien l’amour physique s’exprime toujours de la même façon et toujours de façon différente, pour des milliards de gens.
La société de Singapour s’émancipe : on évoque clairement dans ce film la drogue, l’homosexualité et la transsexualité. Le fil d’Ariane des sketches est le personnage de Damien, leader de groupe de rock, mort d’une overdose puis réincarné, uni en esprit avec Himrah, la jeune femme de chambre. Ils se retrouveront dans l’au-delà …
Evidemment, ce n’est pas un film pour les enfants … mais pas non plus un film pornographique. Chaque histoire interpelle, au-delà de toute référence culturelle. Qu’apporte le sexe sans amour sincère ?
Il y a tout de même un élément totalement incongru dans le scénario : comment imaginer une seconde qu’à Singapour, on ait jamais laissé se délabrer un immeuble comme cet hôtel, qui passe d’établissement de luxe à taudis pour marchands de sommeil. Impensable !