Inflation, une épreuve à surmonter ...
Alors que la hausse des prix n’avait pas dépassé le seuil de 2% par an entre 2002 et 2021, voilà l’inflation qui surgit en France violemment puisqu'il est prévu un taux de 4,4% pour 2022.
Une dérive des prix dont la plupart des Français n’avaient pas souffert depuis bien longtemps. Mais pas les plus âgés – comme moi !
Je me souviens par exemple de l’année où nous avons acheté notre appartement en 1978, après la naissance de notre troisième fille. Le taux de notre crédit immobilier était alors de 14,5%, et progressif, pour tout arranger. Nous avions à l’époque cumulé aussi des prêts familiaux pour constituer notre apport personnel, si bien que notre taux d’endettement réel s’établissait à plus de 40% de nos revenus. Mais ça, notre banquier ne le savait pas.
Cependant l’inflation continuant à progresser à cette époque post-choc pétrolier – de 9,1% en 78, 10,8% en 1979, 13,6% en 80, 14,4 en 81, 11,8 en 82, 9,6% en 83 selon l’INSEE – cette érosion monétaire, puis les successives dévaluations de la monnaie opérées puisque nous n’avions pas encore l’idée de l’EURO, a gommé progressivement une partie de nos remboursements.
Car l’inflation équivaut à un impôt invisible qui impacte surtout les salariés et les titulaires de revenus fixes, mais elle allège le fardeau des emprunteurs et en premier lieu la dette de l’Etat.
Si l’inflation pèse donc essentiellement sur les épargnants, les retraités et les salariés lorsque leur employeur n’est pas en capacité d’augmenter les rémunérations, elle avantage les emprunteurs dont le taux d’intérêt reste à taux fixe et les porteurs d’actions dont le cours de Bourse suit le mouvement. OUi, je sais, ce n'est pas juste.
Elle va aussi accélérer la prise de conscience de la nécessité d’accélérer la transition écologique : indépendance des sources d’énergie, production relocalisée, peu émettrice de CO² …
Donc, un très mauvais moment à passer, des mesures de soutien à mettre en œuvre, mais on va s’en sortir … Il faut rester optimiste. C’est à une révolution industrielle et écologique (enfin !) que nous assistons.
Les causes actuelles de l’inflation sont en effet largement conjoncturelles : la croissance post-Covid a été très vigoureuse, mais elle a causé de graves problèmes d’approvisionnement, et surtout la guerre en Ukraine va coûter très cher.
Prix de l’énergie, des produits alimentaires, tensions sur les matières premières (pétrole, gaz, blé, engrais, puces électroniques …) provoquant l’explosion des prix de revient, la réduction de la consommation et de l’investissement. Cela coûtera à notre croissance de 1 à 1,5%. Avec un baril de pétrole à 93 dollars, la croissance serait ramenée à 3,4% par an, 2,8% si le baril passe à 119 dollars.
Les prévisionnistes promettent un retour à un taux d’inflation à 1,9% en 2023 et 1,7% en 2024.
Les mesures publiques de « compensation » comme la prime inflation, le bouclier tarifaire gaz, le chèque énergie ne vont pas suffire à apaiser la colère des plus modestes, car ils sont confrontés de plein fouet à cette baisse de leur pouvoir d’achat. Il va falloir faire plus, sans aucun doute.
Chacun de nous doit faire des arbitrages entre dépenses indispensables et possiblement évitables. Cela aussi aura des répercussions sur la croissance et donc l'emploi.
Mais c’est moi qui vous le dis : il faut tenir !