Pionnières, Artistes dans le Paris des années folles au musée du Luxembourg
A regarder la localisation habituelle de toutes les œuvres exposées, on constate qu’elles émanent pour la plupart des musées de province ou de l’étranger … Serait-ce parce qu’il s’agit de femmes ?
« Pionnières » est un terme pourtant exagéré, du moins au niveau de la peinture et de la sculpture … en témoigne la récente exposition dans ce même lieu sur les femmes peintres du XVIII et XIXème siècles.
Pour ma part, je connaissais Tamara de Lempicka – avec ce portrait de Suzy Solidor en affiche et à laquelle une salle est dédiée – Sonia Delaunay – Ukrainienne – Sophie Taeuber-Arp, Marie Vassilieff, Suzanne Valadon, Gisèle Freund et Marie Laurencin, la muse d’Apollinaire.
Des artistes à part entière et non pas des artistes à part, égéries des années dites folles …
Mais je n'avais jamais entendu parler de la myriade des autres peintres ici découvertes … ce qui est bien le cas de le dire !
Autre remarque : sur 38 personnalités, 27 sont d’origine étrangère, la plupart venues de l’est de l’Europe, comme bien des artistes qui avaient fait de Montmartre leur quartier général.
Comme quoi les révolutions et les dictatures ont le résultat de voir s'installer dans notre pays … à cette époque si troublée de l’Entre-deux guerres - tous ces talents.
Une dernière réflexion : cette folle période d’effervescence culturelle issue des horreurs de la Grande guerre était bien plus tolérante à des modes de vie « différents » que nous commençons seulement à évoquer aujourd’hui sans tabous.
Les femmes - malgré leur incapacité juridique les privant du droit de vote - y tiennent déjà toute leur place dans l’innovation et les idées.
En particulier pour la manifestation du « troisième genre », les amours saphiques, les apports de la diversité ethnique. Un exemple entre cent : le succès de Joséphine Baker, inconcevable dans son pays de naissance.
Voici un condensé de l’art de cette époque. Il n'est pas spécifiquement féminin dans tous les cas.
Pour moi enfin, quelques découvertes comme ce sublime portrait de la romancière Natalie Clifford Barney Au bord de mer de 1912, La baigneuse au maillot noir de Jacqueline Marival de 1923, La Grande baigneuse accroupie de Chana Orloff (1925) en bronze, La sieste de Gerda Wegener (1922) ou l’Autoportrait en tahitienne de Amrita Sher-Gil (1934).
Un autre regard sur la nudité.
Très drôle aussi, les portraits de son mari transformiste "Lili" par son épouse Lucy Schwob alias Claude Cahun. Des femmes libres avant l’heure … et quelle époque créative.
Pionnières, Artistes dans le Paris des Années folles, exposition au Musée du Luxembourg jusqu’au 10 juillet. Commissaires : Camille Moreau, Lucia Pesapane. 10h 30 - 19 h., ouvert tous les jours.