Les fantômes d'Ismaël, film d'Arnaud Desplechin
C’est un film construit selon la technique des poupées russes : multiples allers et retours, le film dans le film … avec des thèmes chers au réalisateur (la folie, Roubaix …), une référence appuyée à Alfred Hitchcock (le prénom de l’épouse revenue et son portrait évoquent naturellement « Vertigo ») et un acteur-fétiche : Mathieu Amalric. Un scénario complexe servi par une distribution éblouissante, où chaque acteur joue une partition individuelle et collective exceptionnelles.
Tandis qu’Ismaël, réalisateur alcoolique et shooté aux médicaments, en proie à des cauchemars récurrents, peine à terminer l’écriture d’un film, son couple formé avec Sylvia – qui parvient avec peine depuis deux ans à calmer ses démons – risque l’explosion face au retour dans sa vie de sa première épouse, absente depuis plus de vingt et une années. Elle a fugué, trop jeune mariée depuis 3 ans, et a complètement disparu de la surface de la terre. Elle s’imagine reprendre sa place auprès de son mari qui a tant souffert, comme aussi son vieux père, de sa supposée mort.
Résurgence du passé et de ses redoutables conséquences. C’est Sylvia qui souffre le plus, son nouveau bonheur bouleversé par cette femme si belle encore et qu’Ismaël n’a jamais oubliée. Pourtant, ces deux femmes s’apprécient, mais veulent combattre pour conquérir cet homme fantasque, en proie à ses délires créatifs et prêt à sombrer dans la folie alcoolique.
Ismaël va cependant sublimer son tourment dans un film d’espionnage … et le spectateur est conduit dans les méandres d’un scénario tournant autour de la disparition d’un diplomate nommé Dédalus ... un patronyme déjà utilisé chez un personnage d'Arnaud Desplechin ... C’est foisonnant, baroque, filmé dans une lumière filtrée et les superbes paysages de Noirmoutier, émouvant, on attend un dénouement heureux, qui finit par arriver. On respire …
Avec Mathieu Amalric, Marion Cotillard, Charlotte Gainsbourg, Louis Garrel, Hippolyte Girardot, Laszlo Szabo, Alba Rohrwacher …