Cantates françaises à La Sauvetat sur Lède
Retour sur les Soirées baroques en Lot-et-Garonne.
L'église de ce petit village au sud de Monflanquin est si petite et son clocher, jadis ratiboisé par la foudre, si trapu que nous avons dû faire deux fois le tour des maisons avant de découvrir la chapelle du 11ème siècle où se donnait le concert hier soir.
Petite, certes, et de ce fait pleine à craquer d'amateurs de musique ancienne. Avec Camille et Jean-Baptiste, nous avons fait monter la moyenne d'âge.
Ils ont été d'une sagesse exemplaire - malgré la fatigue de l'après-midi passée à plonger dans la piscine et les pelotes de doigts de Camille tout rouges à force de remonter le long du rebord en ciment - mais à vrai dire, ils avaient un peu de mal à suivre.
Nous avons eu le plaisir d'entendre un programme qui aurait fait le bonheur de tout courtisan de la fin du règne de Louis XIV : deux pièces instrumentales et trois cantates merveilleusement chantées et jouées par la soprano Sophie Pattey. Trois personnages de légende : Didon, Sapho et Judith, qui passent de l'émoi de l'amour à la colère puis à la mort (pour les deux premières héroïnes, donnée au tyran pour la dernière).
Pour alterner, la suite en sol mineur de Jacques Hotteterre, et trois pièces pour viole et basse continue de Louis Caix d'Hervelois dont on nous raconte qu'il fut aussi célèbre en son temps que Marin Marais....Voire !
L'important est d'avoir écouté religieusement, au fin fond du Lot-et-Garonne, ces interprêtes "habités" par leur art et la volonté de le faire partager en milieu rural.
Jean-Marc Andrieu, directeur musical et soliste de flûte à bec toujours aussi souriant, Etienne Mangot avec sa curieuse basse de viole, où deux instruments différents sont accouplés, Yvan Garcia au clavecin...et bien entendu la cantatrice, avec une tessiture juste basse et soyeuse comme il faut, une amplitude inouie, une diction si parfaite que nous pouvions presque distinguer toues les paroles, ce qui ressort de la performance dans le chant français. Et gracieuse et sympathique avec ça.
Peut-être nos petits enfants se souviendront-ils d'un soirée barbante à écouter des airs complètement dépassés. Peut-être aussi se souviendront-ils de leurs premiers concerts de musique ...en vrai ! Qui sait ?