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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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21 juillet 2009

Alias Caracalla, mémoires par Daniel Cordier

 

C’est un livre terrible, si les mots ont encore un sens, sur la Résistance et sur les Français.

 

Alias_caracallaAu commencement était un beau jeune homme de la grande bourgeoisie du Sud Ouest, élevé chez les Pères de Saint Elme d’Arcachon, choyé par une famille recomposée, mais aimante, bourré des préjugés de son époque (l’Action française, et hélas l’antisémitisme), mais bon fils de la France, et qui se lève sans hésiter pour la défendre quand elle est dans l’abîme. Avec  quelques autres gamins, il s’embarque « tout naturellement » sur un rafiot belge le 21 juin 40, et se retrouve près de Londres dans l’unique bataillon des soldats de la France libre.

Accueillis fraternellement par les Britanniques – l’inspection du Roi George VI devrait faire taire pour l’éternité les anglophobes - nos cadets se forment vite, à commander une section, ou, comme Cordier, à être parachuté en France.

En juillet 42, il rejoint à Lyon un chef de la Résistance, dont il ne connaîtra l’identité qu’après la guerre. Il est son secrétaire, à la fois transmetteur, chiffreur, officier de liaison et chef de cabinet, au sens que prend cette fonction dans le corps préfectoral – mais ici, le préfet et sa préfecture sont clandestins !. Très vite, il se dévoue à ce patron organisateur et lucide, qui poursuit un seul but : unifier les mouvements de Résistance autour du Général de Gaulle (à l’époque contesté par les Américains, qui lui opposent l’évanescent général Giraud). L’essentiel du livre est consacré à cette période allant de l’été 42 à l’été 43, où Jean Moulin monte le Conseil de la Résistance.

 

On sait combien il est difficile de rassembler des Français, mais on est indigné, en lisant Cordier, par le comportement de certains chefs des réseaux. Leur ambition personnelle l’emporte sur toute autre considération, y compris le but de guerre (chasser les Allemands). Au mépris de la sécurité de centaines de jeunes résistants de base, ces chefs « clandestins » passent leur temps en intrigues et conciliabules pour savoir s’il faut attribuer 2 ou 3 sièges à telle tendance,  et s’il faut ou non admettre les anciens partis politiques au Conseil de la Résistance. Ces allées et venues font la joie de la Gestapo, tout juste réorganisée, qui n’a plus qu’à tendre ses pièges. Or justement, ce sont les deux patrons nommés par le Général de Gaulle, le général Delestraint, et Jean Moulin, qui se feront prendre et assassiner. Hasard ? Erreurs techniques ? Trahison de voyous infiltrés par les Allemands ? ou pire ? Nul ne saura jamais, le Général ayant à juste titre décidé de jeter le manteau de Noê sur toutes ces vilenies, mais la lecture du livre laisse un goût amer.

J'ajoute mon grain de sel : j'ai commencé ce livre hier soir et dès l'introduction, j'ai été frappée par le style étincelant et pourtant si simple et limpide : une introspection sans concession et une fraicheur de sentiments exemplaire. Nous découvrons, au-delà de l'historien, un véritable écrivain... Un pavé de 900 pages, certes, mais cela tient du plaisir d'été. MPB

Témoins, Gallimard, 900 p. 32€.

 

 

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