Théodore Rousseau, écolo avant l'heure
Malgré ma passion pour la peinture, j’avoue humblement n’avoir, jusqu’ici, jamais entendu parler ni vu un tableau de Théodore Rousseau (1812 - 1867) !
Une lacune désormais comblée grâce à cette rétrospective présentée par le Petit Palais, sur un peintre précurseur en bien des domaines.
Une génération avant les Impressionnistes, mêlant réalisme et romantisme, Théodore Rousseau entend peindre la nature non pas comme arrière-plan ou faire-valoir, mais pour elle-même. Baudelaire le décrit comme un « naturaliste entraîné sans cesse vers l’idéal ».
Indiscipliné, rebelle, moderne avant l’heure, engagé, bohème et de ce fait célébré par la critique progressiste, il va révolutionner la peinture de paysage.
Il parcourt Normandie, Vendée, Auvergne, Berry, Alpes, Pyrénées, Jura, Landes. Il s’installe en 1847 à Barbizon en compagnie d’une colonie de peintres et de photographes dont Jean-François Millet - qui sera célébré bien plus que lui - avec lequel il noue une profonde amitié.
Chez ces artistes naît la conscience de la mise en danger des forêts menacées par la progression des besoins industriels et ses coupes massives.
Il plaide pour leur sauvegarde auprès du duc de Morny. Il préfigure ainsi le mouvement écologiste. Une de ses toiles représentant une scène d’abattage s'intitule « Le massacre des innocents ».
Récusant la discipline académique, ses toiles sont refusées à plusieurs reprises par le Salon. On le nommera « Le grand refusé », mais il devient cependant célèbre.
Sa consécration intervient au Salon de 1852 avec la réception de son tableau « Groupe de chênes à Apremont », et est décoré de la Légion d’honneur. Il recevra une médaille d’or à l’Exposition universelle de 1855.
Grands formats spectaculaires, petits tableaux intimistes, dessins, œuvres composites mêlant peinture, dessin et craie, le peintre s’acharne à parfaire ses œuvres, les compléter … Une découverte pour moi. Et j'adore apprendre !
Théodore Rousseau marque un jalon dans l’histoire de la peinture de la nature, une oeuvre d'une grande cohérence. Cette exposition est pour moi une belle découverte.
Théodore Rousseau, la voix de la forêt, exposition au Petit Palais, avenue Winston Churchill, jusqu’au 7 juillet, tous les jours sauf le lundi, à partir de 10h, 12€.