Les arts en France sous Charles VII (1422 - 1461), exposition au musée de Cluny

Le musée national du Moyen-Âge réhabilite une facette le plus souvent négligée de la période dramatique de la guerre de Cent Ans (1337 – 1453) en présentant une brillante exposition qui montre que la création artistique et le mécénat ne furent pas absents de ce conflit fratricide à plus d’un titre.

On imagine mal en effet que le « petit roi de Bourges », ce Charles VII  fils d’un roi fou et futur père de Louis XI, ait suscité, en cette fin du Moyen-Âge, une floraison des arts en pleine période d’une guerre qui faillit transférer le royaume de France à la dynastie des Plantagenêt.

Rappelons-en deux dates cruciales : le 23 novembre 1407 avec l’assassinat de Louis d’Orléans, frère de Charles VI, commandité par Jean sans Peur, duc de Bourgogne et frère de Charles V.

Un crime politique vengé en 1419 au cours d’un guet-apens à Montereau lors d’une entrevue avec le dauphin, futur Charles VII, qui régna de 1422 à 1461.

Mais cette période troublée n’empêche pas les artistes de produire : on perçoit la transition stylistique entre le gothique flamboyant et les influences venues du nord – l’ars nova flamande de Jean van Eyck – et les tendances italianisantes – Brunelleschi, Donatello, Bellini. N’oublions pas que Paris et une grande partie du territoire est dans les mains des Bourguignons, maîtres des Pays-Bas.

L’exposition rassemble des œuvres majeures comme le dais du trône de Charles VII, tapisserie œuvre d’un lissier anonyme, parée de ses couleurs et emblèmes comme ce soleil (déjà ?) sur fond vermeil, et le portrait – pas très avantageux – du souverain par Jean Fouquet, réalisé vers 1450-1455.

De nombreux livres d’heures, parés de magnifiques enluminures, des tableaux religieux naturellement, comme l’Annonciation d’Aix par Barthélémy d’Eyck, peintre du roi René d’Anjou, ou la piéta de Tarascon, de superbes vitraux en grisaille rehaussés de jaune comme ces joueurs d’échecs qui se prennent littéralement la tête …

Le musée de Cluny, récemment reconditionné dans l’écrin étonnant des antiques thermes de Lutèce, ménage toujours de sublimes découvertes – ou redécouvertes. Cette exposition met en valeur la transition du style gothique vers celui de la Renaissance … un moment de bascule au milieu des horreurs d’une guerre sans fin et sans pitié.

Les arts en France sous Charles VII, exposition au musée national du Moyen-Âge, 6, place Paul Painlevé – Paris 5^ème – jusqu’au 16 juin, à parie de 9h30, fermé le lundi de Pâques, 12€.