Giovanni Bellini, influences croisées - Musée Jacquemard-André
Il n’était pas besoin d’aller bien loin pour trouver le sublime portrait « Ecce Homo » (ce portrait au cadrage si serré avec la corde au cou) de Mantegna, exposé habituellement dans la salle vénitienne du musée Jacquemard-André, juste à côté … une façon d’évoquer l'influent beau-frère de Giovanni Bellini qui fait l’objet de cette passionnante exposition …
Car lorsqu’on évoque le nom de Bellini, c’est une dynastie de trois artistes qui apparaissent : Jacopo, le père (1396 - 1470), jadis élève de Gentile da Fabriano, Gentile le fils aîné (célèbre portraitiste de Mahomet II) et Giovanni, le fils illégitime mais élevé dans la famille et l’atelier du maître, qui fait l'objet de cette rétrospective.
Giovanni est né à Venise en 1435 et se forme avec son frère Gentile (1429 – 1507) dans l’atelier paternel.
Il se conforme au style de l'atelier pendant ses premières années d'apprentissage, soucieux de se couler dans le moule du fait de son origine.
En 1453, sa demi-sœur Nicola épouse le peintre padouan Andrea Mantegna (1431 – 1506), déjà maître de son art, et qui va à son tour influencer Giovanni.
Durant des siècles, on en viendra à confondre les manières des deux artistes (comme le Christ entouré de deux anges, ce tableau qui fait l’objet de l’affiche, qui fut attribué à Mantegna jusqu’en 1879). Jusqu’à ce que Mantegna parte pour Mantoue comme peintre officiel en 1460.
Giovanni Bellini affirme alors plus librement son style, absorbant des réminiscences byzantines (en 1453, c’est le rapatriement de milliers de réfugiés fuyant les Ottomans), il découvre aussi la technique de la peinture à l’huile introduite par les peintres flamands (Jan van Eyck, Hans Memling).
En 1475, il rencontre Antonello da Messine (1430 – 1479) avec lequel les échanges seront fructueux … par exemple pour la précision des paysages de l’arrière-plan de ses innombrables madones.
Admiré par Albrecht Dürer, Giorgione, Titien … Giovanni Bellini est considéré comme le grand maître de la peinture vénitienne et le maillon décisif entre l'art gothique et la Renaissance.
Nélie Jacquemard et Edouard André, collectionneurs et fondateurs de ce musée, avaient bien choisi en achetant la superbe Vierge à l’enfant en trône (vers 1510-1515), une des rares Madones (produites en série) où l’enfant Jésus bénit la foule …
Giovanni Bellini, influences croisées, exposition au musée Jacquemard-André jusqu’au 17 juillet. 158 boulevard Haussmann Paris 8ème, ouvert tous les jours de 10h à 18 h. 17€.