Une journée à l'hôpital européen Georges Pompidou
Aujourd'hui, j'ai rendez-vous avec un professeur d'oncologie.
Inutile de tourner autour du pot : dans les prochaines semaines – voire mois – j'ignore si je serai en capacité d’alimenter ce journal de bord de façon quotidienne … C’est la Faculté qui le dira.
Après avoir surmonté en 2001 un cancer du sein de grade III (les initiées comprendront), on m’avait bien dit qu’une fois guérie, je risquais tout autant que n’importe qui d’avoir un autre cancer. Je pensais naïvement que vu la quantité de chimiothérapie que j’avais encaissée, toutes les petites cellules malignes susceptibles de se réveiller avaient été anéanties…
Ce n’est pas le cas. Je sais aujourd’hui que je suis atteinte d’un cancer de l’œsophage. Il a commencé par des crises de dysphagie : blocage total de la capacité de déglutition – ni la plus petite bouchée, ni la moindre gorgée d’eau. J’ai consulté un gastro-entérologue trouvé sur Doctolib, déjà subi deux endoscopies, deux scanners – le dernier ne montre aucune autre partie atteinte – je serai opérée bientôt et j’aurai vraisemblablement doit à une rafale de rayons et aussi peut-être de la chimiothérapie …
Je suis prise en charge à l’Hôpital européen Georges Pompidou. L’un des plus modernes, pas seulement de France. Une ville à lui tout seul. Il a été conçu dans les années 90 par Aymeric Zublena (né en 1936), l’architecte du Stade de France – avec une grande rue intérieure sous verrière.
J’ai été étonnée par la qualité de l’accueil, la compétence de ces jeunes professeurs de médecine attentifs à l’information du patient, sans celer les réalités mais avec beaucoup de tact.
On sent la qualité du management à travers l'ambiance qui règne entre les différents acteurs tout au long de la chaîne de travail.
On a l’impression d’entrer dans un établissement de luxe : par exemple, avant d’aller en salle d’endoscopie, on vous donne un peignoir de bain en éponge immaculée, comme dans une station thermale ou un hôtel de luxe …
Et tout ça, c’est notre sécurité sociale qui paye, qui que vous soyez.
Qui se rend compte du privilège dont nous jouissons en France, qui perçoit ce que coûte à la collectivité ce genre d'établissement ? C'est là que passent nos cotisations jugées si lourdes ...
J’admire la patience des secrétariats : ayant attendu plusieurs minutes avant d’être prise en charge auprès de l’accueil du service, j’ai remarqué la dextérité avec laquelle il fallait jouer avec le planning, la fameuse « programmation » : certains patients arrivaient en retard à leur rendez-vous, pour d’autres, absents, étaient rappelés et disaient alors qu’ils avaient le COVID mais n’avaient pas pris la peine de prévenir, certains soignants aussi étaient manquants pour cette même raison … Je les ai entendus jongler avec le planning pour réaliser la parfaite efficience du service. Et toujours avec gentillesse.
Voilà, j’ai l’impression de pénétrer à nouveau « dans une machine à laver » monstrueuse. J’ai l’avantage de connaître ce qui va se passer, en espérant qu’en 20 ans, la médecine aura fait des progrès significatifs et que je vais une fois encore m’en sortir, avec l’aide irremplaçable de mes filles et de mes petits-enfants.
Et, une nouvelle fois, je vais compter sur le dialogue avec mes lecteurs pour garder le moral. Et sur la lecture, qui est mon meilleur moyen de penser à autre chose.
Merci à tous pour vos innombrables messages de soutien !