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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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14 février 2022

Histoire des institutions et des régimes politiques de la France de 1789 à 1958 par Jean-Jacques Chevallier

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Complètement atterrée devant la médiocrité du débat qui s’étale chaque jour dans les médias et les réseaux sociaux, et surtout devant l’émiettement de factions politiques incapables de coopérer pour nous assurer un avenir solide, j’ai voulu revenir au cours fondamental que j’ai suivi lors de ma première année à Sciences Po en 1965, donné par un éminent historien : Jean-Jacques Chevallier (1900 – 1983).

Et j’ai dévoré son manuel – avec le recul de l’âge, je l’ai re-découvert et mieux analysé - qui décortique d’une manière claire et riche d’humour – les complexes arcanes des institutions de notre pays, de la Révolution à l’aube de la Vème République.

Dans sa préface, J-J Chevallier donne le ton d’une extraordinaire constante : « Dès les premiers mois de l’Assemblée Constituante de 1789 – 1791, on voit débuter, puis s’amplifier l’incurable débat à la fois équivoque et fondamental de la Droite et de la Gauche, d’une part pour ou contre l’exécutif reflet ou menace d’un pouvoir personnel, d’autre part pour ou contre l’Eglise (catholique hier, Islam aujourd’hui). »

 

macMahon

 

poujade

On assiste, dès l’avènement de Louis XVIII et à son grand regret, à la fracture entre deux peuples : l’un qui combat l’autre systématiquement, dont l’un célèbre comme victoire ce que l’autre déplore comme défaite. Pour autant, cela ne permet pas, comme en Grande-Bretagne - de faire évoluer un bipartisme. Ce serait trop simple !

 

Blum

Autre tendance lourde : le discrédit de l’idée religieuse, considérable dans l’intelligentsia en 1876 : nouvelle poussée de l’Esprit des Lumières, devenu l’esprit positiviste avec Auguste Comte, Littré, Darwin et ses thèses évolutionnistes : « croire est indigne d’un être pensant. » D’où l’étatisation de l’enseignement, la disparition des signes religieux allant jusqu’à l’interdiction de sonner les cloches, la séparation des églises et de l’Etat.

 

mendes mitterrand

 

 

Cette lecture m’a « scotchée » comme un fantastique roman policier. Toutes les constantes de notre complexité politique actuelle s’y déploient. Parmi elles :

-         L’émiettement des formations politiques,

-         L’attrait périodique pour le tempérament autoritaire, plébiscitaire, pourtant très encadré par les constitutions successives, en dépit du rejet absolu de toute attitude de gouvernement personnel (on a décapité le Roi),

-         L’antiparlementarisme, la grande séparation entre la province et la capitale,

-         L’indiscipline parlementaire (à part chez les communistes), les contours flous et instables des partis politiques, l’incapacité à former et à maintenir des coalitions avec des députés flottants, prompts à la fronde ou au ralliement à n’importe quelle combinaison gouvernementale,

-         La prégnance de la question religieuse,

-         Le concept honni d’une armée européenne (échec de la CED),

-         La querrelle permanente sur la représentation proportionnelle et la dissociation permanente entre pays réel et pays légal, même sous le régime du suffrage universel.

 

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Pendant cette longue période, face à des guerres extérieures cataclysmiques, l’instabilité gouvernementale est compensée par la stabilité du personnel politique.

C’est particulièrement vrai pendant les Troisième et Quatrième Républiques : Gambetta, Ferry, Clemenceau avant 1902, Viviani, Briand, Caillaux, Poincaré avant 1914.

Ce ne sont que jeux personnels, rivalités, rapports d’alliances… L’élasticité pourtant remarquable d’un régime sclérosé, de toute part dénoncé, mais qui perdure dans ses dysfonctionnements constitutionnels. L’ouvrage se termine à l’aube de la Vème République et avec l’action du général de Gaulle …

Une surprise pour moi : la résurgence périodique des grands principes de la Constitution de 1793, aujourd’hui encore chez les ténors de l’extrême gauche. Ce « modèle absolu », sorte de dogme de constitution hyper démocratique (avec le pouvoir des électeurs de désinvestir ses représentants à tout bout de champ, entre autres) qui ne fut jamais appliquée … Idéologie, quand tu nous tiens !

 

Histoire des institutions et des régimes politiques de la France de 1789 à 1958, manuel d’histoire des idées politiques de Jean-Jacques Chevallier – édité chez Dalloz, 740 p., 26€

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