Notre vieux royaume, essai de Jean-Pierre Jouyet

Jean-Pierre Jouyet est l’archétype du haut fonctionnaire. Il a servi durant sa prestigieuse carrière quatre présidents de la République.

Il y a occupé les plus hautes fonctions – Ministre, directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (bras financier du Gouvernement), secrétaire général de la présidence de la République, ambassadeur de France à Londres, entre autres.

On attendrait d’un tel personnage une autre hauteur de vues, et accessoirement un style de meilleure qualité. C’est un homme de cour, mais ce bref pamphlet s'avère un peu court …

En fait, ami intime de François Holalnde qu’il a rencontré à l’ENA, il ne se pardonne pas de lui avoir présenté un jeune homme nommé Emmanuel Macron, qui, l’ayant sans doute jaugé à sa juste valeur, l’a aussitôt ignoré …

Le voilà donc produisant un essai sur les permanences du pouvoir centralisateur à la française, de Philippe le Bel à nos jours, portant un diagnostic largement partagé sur nos institutions : la France gangrénée par le centralisme depuis Louis XIV a toujours la nostalgie d’un monarque, fut-il républicain.

Un constat illustré à travers plusieurs chapitres plus ou moins bien documentés (j'ai même relevé quelques approximations), événements parfaitement connus par ceux qui s’intéressent à l'histoire. Une suite de lieux communs juste bons à donner à des touristes ou à une population récemment installée en France un panorama rapide de nos travers franchouillards bien connus : la propension rapide à la révolte fiscale, le mythe de l'homme providentiel, l’amateurisme des gouvernants – je ne nomme personne, suivez mon regard – la propension à dépenser plus que ce que l’on gagne, la misogynie séculaire, l’antagonisme entre France périphérique et élites parisiennes, les relents de la politique coloniale, les dérives de la laïcité, les complications du foisonnement administratif aggravées par la politique européenne.

Des constats, l’enfoncement d’autant de portes ouvertes, mais aucune proposition. L’image de la couverture est en elle-même un manifeste de rancœur … Un coup d’épée (émoussée) dans l’eau, quelques appels du pied, un livre qu’on peut éviter de lire, car il n’apporte selon moi, aucune valeur ajoutée.

Notre vieux royaume, essai polémique de Jean-Pierre Jouyet, édité chez Albin Michel, 216 p., 19,90€