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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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27 avril 2021

"Je vous aiderai à vivre, vous m'aiderez à mourir", récit de Nathalie Saint-Cricq

 

IMG_2125« Mettez votre main dans la mienne. Je vous aiderai à vivre, vous m'aiderez à mourir, c'est notre pacte. » Marguerite Baldensperger poursuit : "tel fut le début d'un sentiment qui devait transformer ma vie".

Georges Clemenceau (1841 – 1929) a 82 ans. Le Tigre continue à travailler et à écrire, dans le petit matin, dans son appartement – en location – de la rue Franklin, ou dans sa longère vendéenne de Saint-Vincent sur Jard, face la mer et entourée d’un jardin fou.

Il se préoccupe plus que jamais de politique, en particulier du réarmement de l’Allemagne, alors que lui, « le père la victoire » a été brutalement évincé de la scène dès la fin de la Grande Guerre. Il s'applique à conserver une étonnante forme physique, chaque jour, avec un coach ...

Clemenceau et Monet

Marguerite Baldenspenger est une jolie femme, épouse d’un universitaire très peu présent, alsacienne, éditrice pour la maison Plon. Elle a quarante ans de moins que lui, vient de traverser un drame familial insurmontable et a décidé de travailler.

Elle vient commander à Clemenceau un livre pour la collection qu’elle dirige. Il va accepter, car ses finances sont perpétuellement dans le rouge, et parce qu'elle est charmante. Il a vécu aux Etats-Unis, elle lui parle de Lincoln … il imposera Démosthène.

Leur collaboration va devenir passion commune. Lui, encore et toujours fringant, galant, élégant, impérieux, tyrannique, amoureux comme jamais. Elle, fascinée, attendrie, séduite, soumise à ses caprices, totalement sous le charme, même lorsqu'il se montre dominateur et parfois cruel.

Leur liaison durera effectivement jusqu’à la mort du Tigre, qui lui aura adressé entre-temps 668 lettres. Marguerite et sa famille auront à cœur de les publier, mais de son côté, bienséance oblige, ses propres missives auront été détruites. Nathalie Saint-Cricq a eu l'idée de lui inventer un journal intime très documenté et orné des saillies les plus vachardes du grand homme.

belébat

Nathalie Saint-Cricq retrace ces six années de passion partagée, sans doute platonique mais pas moins dévorante. Elle dresse surtout le portrait sans fard de cet homme d’exception, sans en gommer les aspects les plus choquants comme la façon dont cet irrépressible coureur de jupons a poursuivi de sa hargne son ex-épouse, vite délaissée et répudiée dans des conditions indignes. C’est donc aussi un travail fouillé de journaliste plus que d’historienne. Un joli coup pour un premier ouvrage.

Un homme au seuil de la mort qui brûle d’amour mais surtout d’amitié, celle qui le lie indéfectiblement à Monet, et de colère contre les religions, le colonialisme, les hommes politiques de son temps : Poincaré, Déroulède, Briand … et même Foch qui prétend s’arroger le bénéfice de la victoire. Ce sera son dernier baroud littéraire avec « Grandeurs et misères d’une victoire ».

Ce n’est pas tout à fait un récit, ni une biographie, ni un roman. C’est écrit avec grâce, jalonné des mots d’esprit étincelants de méchanceté de Clemenceau vis-à-vis de ses contemporains ou des femmes, mais aussi pétri de son humanité et de sa clairvoyance.

J’ai bien aimé la dernière citation du général De Gaulle, reprise dans l’exposition consacrée il y a quelques années au Panthéon. Mais ce Clemenceau, quel tyran !

 

Je vous aiderai à vivre, vous m’aiderez à mourir, récit par Nathalie Saint-Cricq, aux éditions de l’Observatoire, 222 p., 19€

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