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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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13 mars 2021

La guerre d'Espagne et ses lendemains par Bartolomé Bennassar

 

guerre d'Espgne

Bartolomé Bennassar (1929 - 2018) analyse le conflit espagnol depuis ses origines jusqu’à ses prolongements avec une précision et une objectivité dignes de l’historien qui s’intéresse aux faits et à leurs conséquences et non aux partis pris politiques. 

Avec les ouvrages d’Hugh Thomas et Antony Beevor, c’est un ouvrage de référence, aussi facile que passionnant à lire.

Il décrit les phases du Mouvement franquiste et les différentes batailles qui l’ont conduit à la victoire. Mais là n’est pas l’essentiel.

Ce que j’ai appris à cette lecture est d’abord la situation politique et économique de l’Espagne avant l'avènement de la République, la déliquescence de l'Etat, l’accumulation de la haine devant les inégalités et la prégnance du chômage, la volonté d’élimination de l’ennemi de classe par les plus pauvres paysans privés de terres.

Dès lors que le mouvement des militaires rebelles – le 18 juillet 1936 – ne réussit pas à atteindre d’emblée son objectif de renverser un gouvernement pourtant issu d’élections libres, la tragédie commence.

Socialistes et communistes sont les principaux responsables du lynchage massif de l’adversaire à Madrid, les anarchistes en Catalogne. Rafael Alberti prône « l’assassinat nécessaire à l’enterrement du monde bourgeois ». Le massacre des religieux revêt une importance exceptionnelle. La guerre civile va durer. L’internationalisation du conflit devient alors inévitable car les deux côtés manquent d’armes.

 

B Bennassar

La république ne manque pas de moyens financiers : 707 tonnes d’or dont une grande partie transférée en URSS en échange de chars, d’avions et de conseillers. Ces ressources ont été accumulées pendant la première guerre mondiale, alors que l’Espagne avait profité de sa neutralité. Mais les militaires seront fournis largement par l’Allemagne et l’Italie.

La France joue un rôle complexe … malgré les sympathies évidentes du front populaire aux affaires à partir de 1936, mais en raison des craintes suscitées par les diplomates qui poussent à la non-intervention.

Cependant, ce fut le pays qui fournit le plus grand nombre de brigadistes (12000 français sur les 35000) mais il y a aussi des Italiens et, à partir de 1937, le rapport de forces s’inverse en faveur de Franco.

L’Espagne devient un terrain de manœuvre idéal pour l’essai de tactiques nouvelles :

-         L’emploi des chars en actions de rupture,

-         L’emploi simultané de l’arme blindée et de l’aviation,

-         Le rôle décisif de l’aviation (Franco réalise le premier pont aérien de l’histoire),

-         Le bombardement des villes pour terroriser les populations civiles,

-         Les manipulations exemplaires : l’« incendie de Guernica » par les Rouges au service des séparatistes basques, le « fascisme » du POUM, trotskistes déguisés et en réalité agents de l’ennemi …

C’est la troisième partie de l’ouvrage qui présente le plus d’intérêt : il décrit l’exode massif des combattants de la République après la défaite : répression et résistance. Les Républicains espagnols furent bien plus grands dans l’exil et la résistance (Narvik, Bir-Hakeim) qu’ils ne l’avaient été pendant les années de la deuxième république où ils ne cessèrent de se déchirer.

Le sort des réfugiés et la manière dont ils furent « répartis » à partir de 1937 mais surtout en janvier 1939 est l’objet de la dernière partie du livre, la plus cruelle. 500000 personnes en trois semaines affluèrent à travers les passages pyrénéens et sur de multiples navires, du jamais vu dans l’histoire de l’Europe. La création de camps se fait dans l’urgence et la précipitation.

Les conflits internes qui affectent d'un côté les phalangistes et les carlistes, de l'autre les républicains de gauche et le PSOE ou la mouvance anarchique, prolongent dans l’exil les luttes intestines qui ont fait tant de mal à la République espagnole. Et, une fois la guerre civile terminée, s’est poursuivie une persécution systématique au moins jusqu’en 1959. Tous les adhérents aux formations et syndicats qui avaient soutenu le front populaire ainsi que les mouvements séparatistes (basques et catalans) furent physiquement éliminés. Les vainqueurs furent étrangers à tout esprit de réconciliation, y compris l’Eglise dans sa très grande majorité. Un délire de vengeance …

Un tel livre éclaire sur les effets tragiques de la division dans les mouvements politiques espagnols … et évoquent, toutes proportions gardées, ce qui se passe aujourd’hui dans les formations politiques notre pays.

Un ouvrage objectif, bien documenté sur le rôle de la France dans ce conflit majeur, qui met dos à dos les deux factions dans une horreur semblable. Il n’est pire conflit qu’une guerre civile.

 

La guerre d’Espagne et ses lendemains (2004) par Bartolomé Bennassar, en édition de poche dans la collection Tempus – Perrin, 576 p., 10,50€

Commentaires
M
Que cette guerre civile me parle... mon père, journaliste et jeune marié, y a participé, dans les chars... Ma mère l'accompagnait.<br /> <br /> Une double casquette : journaliste/soldat.
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M
Je ne peux que conseiller le magnifique film d'animation d'Aurel: Josef que j ai pu voir lors d'une réunion sur la Retirada en 1939<br /> <br /> Ce film a été primé hier aux César<br /> <br /> <br /> <br /> Josef a été interné dans le sinistre camp de Rivesaltes avant les juifs, les harkis les tirailleurs sénégalais
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