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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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19 septembre 2019

Les origines du populisme, ouvrage collectif

origine du populisme

A partir d’une analyse économétrique de nombreuses bases de données très sérieuses, les auteurs de cette étude proposent une grille originale de lecture de l’explosion des mouvements politiques antisystèmes, principalement en France mais aussi en Europe et aux USA : gauche radicale et droite populiste.

Comment expliquer, en particulier, l’effondrement en 2017 de la vie politique traditionnelle : à la dernière élection présidentielle française aucun des partis classiques de gauche comme de droite n’accède au second tour. Si l’instabilité économique ressentie depuis 2008 est l’une des explications de la poussée populiste, ce n’est pas la seule. On veut comprendre aussi comment la vague antisystème s’est ventilée entre gauche radicale et droite populiste, France Insoumise et Rassemblement National.

L’opposition Macron-Le Pen est une opposition "gagnants-perdants" en termes de diplômes, de revenus, d’espérance dans le progrès, d'Europe, bien différente de la traditionnelle polarisation droite-gauche. En fait, l’analyse met en lumière des clivages nouveaux, essentiellement : le niveau de la confiance interpersonnelle et en l’avenir, et le niveau de bien ou de mal-être. C’est l’élément-clé de cette étude.

La colère et la peur sont des émotions qui influencent les choix politiques : la peur active le conservatisme, la colère renforce la radicalisation. La colère explique aussi l’imperméabilité des électeurs face aux affaires judiciaires qui touchent leurs élus (différente selon les cas : Fillon,Le Pen), la colère les détourne du processus de recherche d’une juste information.

Aujourd’hui, dans la société post industrielle, ce sont donc les perdants de la nouvelle économie et de la mondialisation, dotés d’un niveau de confiance très bas envers les autres, les institutions, la représentation nationale qui trouvent dans le populisme l’expression de leur ressentiment. Ainsi en va-t-il en particulier des soutiens aux Gilets jaunes.

Le vote de classe n’est plus d’actualité mais un vote d’individus heureux ou malheureux. Les classes malheureuses sont constituées d’individus désormais isolés (tout s'est délité : la famille, le syndicat, le bistrot, la messe ou la cellule ...), défiants à l’égard d’autrui, constamment déçus par l’exercice du pouvoir, de droite comme de gauche. Ce même sentiment existe aux Etats-Unis (vote Trump), en Allemagne (AfD), en Grande-Bretagne (Brexit), en Italie… Et entre gauche radicale et droite populiste, c’est le niveau de confiance envers autrui qui fait pencher l’électeur d’un côté ou de l’autre.

Car aujourd’hui, la majorité des risques (la maladie, les catastrophes naturelles, les épidémies …) est perçue comme relevant directement de l’activité humaine et non plus comme autrefois du « destin ». Et même en France, où le système de redistribution est le plus fort, il est opaque, complexe, trop fractionné, mité par des niches fiscale … ce qui accroît la défiance et conduit donc au vote populiste.

Comme toujours, les chercheurs en sciences sociales sont très forts pour poser un diagnostic. En revanche, l’ouvrage est vraiment sec sur les solutions qui pourraient permettre de renverser cette carence de confiance et ce sentiment de mal-être qui pousse tant d’électeurs à choisir soit l’abstention soit le vote populiste.

Voici donc de nouvelles pistes d’analyse, mais un livre doté d’une typographie très serrée et de graphiques pratiquement illisibles, un ouvrage utile à tous ceux qui veulent comprendre notre vie politique … et celles de nos voisins européens.

 

Les origines du populisme, enquête sur un schisme politique et social par Yann Algan, Elizabeth Beasley, Daniel Cohen et Martial Foucault, Le Seuil, collection « La République des idées », 194 p., 14€.

Yann Algan est professeur d'économie à Sciences Po. Économiste, Elizabeth Beasley est chercheuse au CEPREMAP. Daniel Cohen est directeur du département d'économie de l'École normale supérieure et professeur à l'École d'Économie de Paris. Martial Foucault est directeur du CEVIPOF, professeur à Sciences Po.

Commentaires
S
Très intéressant. Merci Bigmammy.
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