Célébrons l'Appel du 18 juin !
Qu’évoque aujourd’hui chez les plus jeunes la date du 18 juin 1940 ?
A vrai dire, je crains que la figure tutélaire du Général qui a bouleversé le destin de mes parents ne devienne de plus en plus imprécise.
Qui aurait cru, en effet, au lendemain du discours d’abandon d’un maréchal égrotant qui faisait don de son corps à la France … en sollicitant de l’adversaire la cessation des combats, en ce plus tout jeune général de brigade à titre temporaire, inconnu sous-secrétaire d’Etat à la Guerre, et qui s’envole depuis Bordeaux désormais en zone bientôt occupée pour Londres ?
Une folie visionnaire, la préscience de la mondialisation prochaine du conflit et l’inéluctabilité de la victoire finale des démocraties sur le totalitarisme. Un acharnement à faire entendre la voix de la France humiliée, la ténacité à s’imposer comme seul représentant des mouvements épars de la Résistance en France occupée, la volonté farouche de faire apparaître la France auprès des Alliés lors de la signature finale du 8-9 mai 1945.
Raide, fier, arrogant dira-t-on, mais aussi doté d’une mémoire phénoménale, d’une capacité de travail et d’un sens du commandement largement supérieur à ses contemporains, excellent écrivain, orateur captivant, dirigeant honnête et patriarche émouvant …
Mon père s’est engagé dans ses rangs avec ferveur. Ma mère avait rejoint le gouvernement provisoire d'Alger dès 1943. Ma jeunesse a été rythmée par son retour en 1958. J’ai le souvenir précis de ses conférences de presse émaillées de saillies remarquables, de ses discours prononcés sans notes, de ses dérapages aussi … vers la fin.
Nous lui devons ce fameux discours de Bayeux où il a décrit la façon dont il imaginait des institutions enfin stables pour la France. Sans compromis, il refuse de participer aux combinaisons des partis, se retire en 1946 pour écrire ses Mémoires … Il faudra la tragédie algérienne pour que son retour s’impose, car il avait compris l’urgence de la décolonisation.
Une monnaie assainie, des institutions solides, des réformes économiques structurantes pour l’aménagement du territoire, des années de prospérité : nous devons tous le respect devant son acharnement, sa clairvoyance, son intransigeance … et aussi son humour ravageur.
Un homme d’Etat comme il n’en survient pas souvent dans l’histoire politique d’un pays. Mais aussi des haines infinies à son encontre, encore vivaces, c’est sans doute le prix à payer de l’excellence. Comme toujours !
Alors n’oublions pas cet anniversaire de l’Appel du 18 juin 1940 !