En société, pastels des XVIIème et XVIIIème siècles au Louvre
Il se passe toujours quelque chose au musée du Louvre ...
Loin des hordes de touristes du monde entier, certaines expositions temporaires se dégustent comme un délicieux moment de plaisir visuel, parmi des amateurs éclairés.
Le musée du Louvre a la chance de conserver la collection de référence nationale de pastels européens des 17e et 18e siècles. Pour l’essentiel peintes au siècle d’or du pastel (18e siècle), ces œuvres, d’une extrême fragilité - ce pourquoi elles sont présentées sous verre, ce qui complique la façon de les photographier à cause des reflets - puisque créées à l’aide d’une poudre colorée que l’on a souvent comparée à celle couvrant les ailes de papillon, permettent de mesurer tout le génie des artistes qui les ont exécutées.
Maurice Quentin de La Tour, Jean-Baptiste Perronneau et Jean-Baptiste Siméon Chardin s’imposent parmi les artistes les plus renommés. Et aussi, Jean-Marc Nattier, François Boucher, Louis Vigée (le mari d’Elisabeth), Adelaïde Labille-Guiard, Marie-Suzanne Giroust, Joseph Boze ou Élisabeth-Louise Vigée Le Brun qui, tous, sont illustrés par des oeuvres importantes dans la collection. Leurs créations ont été exécutées non pas comme des études préparatoires rehaussées de pastel, mais comme des œuvres en elles-mêmes.
C’est toute une frange de la société éclairée de ces siècles du grand goût français qui se présente à nous avec ces portraits tracés très rapidement, des « instantanés » qui recherchent la ressemblance et sondent au plus profond l’âme des modèles.
La manie contemporaine des selfies rappelle cette aspiration de tout un chacun de se voir en peinture ….
Il n’est qu’à détailler les autoportraits parfois riants, comme ce génie que fut Maurice Quentin de La Tour, ou arrogant comme Boze qui signe « par lui-même », ou encore en vieux bougon derrière ses lunettes et en bonnet d’intérieur comme Chardin …
Les jeunes filles ont une carnation délicate voire transparente – la technique du pastel, mate, rend les chairs si naturelles – les enfants sont croqués pour être copiés et envoyés aux proches.
Des rois (tellement plus naturels que dans leurs portraits en costume d'apparat), des reines, des nobles, des magistrats, des religieuses, des peintres qui se pastellisent les uns les autres - comme cet extraordinaire portrait de François Boucher à la fantastique queue de cheval bouclée par Gustav Lundberg - des femmes enrubannées et émergeant de flots de dentelle comme ce grand portrait de Madame de Pompadour, représentée parmi des ouvrages savants, mais avec une robe somptueuse.
A l’art du pastel, les femmes artistes tirent leur épingle du jeu, même si l’Académie royale limite à quatre le nombre de pastellistes admis à y figurer. Mais qu’importe, l’art du portrait y a gagné de fameuses lettres de noblesse.
La mode cependant en passe à partir du XIXème siècle … et le style romantique devient plus rigide, marqué par la référence à l'antique.
Nous avons ainsi conservé de si vivantes images de personnages célèbres - ou simplement ayant réussi - bien plus « parlantes » que des photographies ….
Il faut s'approcher pour admirer la technique de l'artiste dans tous ses détails, les dentelles, les brocards, les perruques ... les mains.
Et, si vous en avez le temps, allez voir aussi, juste en face, la rétrospective des dessins d’Israël Sylvestre, peintre et graveur qui dessinait comme Jacques Callot des vues des villes fortifiées de la frontière de l’est et des châteaux royaux jusqu’à sa mort en 1715, la même année que Lous XIV.
En société, pastels des XVIIème et XVIIIème siècle, au musée du Louvre – rotonde Sully – jusqu’au 10 septembre – tous les jours sauf le mardi.