Le lecteur de cadavres, thriller historique d'Antonio Garrido
Fan de la Chine ancienne et des progrès de la police scientifique, je ne pouvais pas passer à côté de ce roman mettant en scène le pionnier du genre : Song Ci, le premier juriste à avoir codifié dans ses moindres détails la médecine légale au XIIIème siècle.
Bien entendu, l’auteur définit la manière dont il conçoit le roman historique, un mélange de personnages réels et des situations imaginaires. Ici, il est parti d’une documentation réunie pendant plus de deux ans et s’est fondé sur les écrits fondateurs d’un personnage bien réel. Et puis, il a échafaudé pour sa biographie une trame policière particulièrement riche en rebondissements, qui fait de son roman un « page turner » irrésistible. Le lecteur ne doit donc pas s’alarmer à l’avance des 700 pages qui se lisent en un souffle, étant complètement happé par le style fluide de l’auteur, les personnages complexes, les situations pleines de dangers, un environnement particulièrement bien décrit.
On en oublie que cette histoire se passe au moyen-âge dans la Chine des Song. Ci, le jeune héros, n’a qu’un objectif dans la vie : pouvoir intégrer la magistrature après avoir passé avec succès les examens universitaires. Cependant, son père a dû quitter son emploi de fonctionnaire et se réfugier chez son frère aîné, qui s’avère un ivrogne violent et envieux. Son seul soutien est le juge Feng. Ou du moins le croit-il …
Car Ci va de désillusions en catastrophes. Il est entraîné dans une suite de conspirations et de malheurs familiaux qui font de lui un fugitif accusé d’un forfait dont il est totalement innocent. Cependant, son extraordinaire capacité d’analyse de ce que nous appelons aujourd’hui les « scènes de crime » le conduisent jusque chez l’empereur pour résoudre une série de meurtres abominables. Mais s’il se trompe, il risque sa vie !
Doué d’un sens de l’observation hors du commun, d’une logique sans faille, mais aussi d’une maladie rare qui le prive de la sensation de douleur lui permettant de supporter les pires sévices, c’est un garçon impétueux, sensible aux charmes féminins et encore trop souvent enclin à faire confiance à des personnages qui ne lui veulent pas que du bien.
C’est un roman palpitant, bien écrit, superbement documenté avec une foule de notations qui permettent d’appréhender l’ambiance de la Chine et son avance technologique par rapport à l’Europe de ce temps, un pays fragilisé toutefois par la pression qu’exercent les peuples Jin du nord sur ses frontières. Un vrai roman d’aventures, acheté à la librairie du musée Guimet – donc une référence - à dévorer sans modération ! J’ai adoré.
Le lecteur de cadavres, thriller historique d’Antonio Garrido, traduit de l'espagnol par Nelly et Alex Lhermillier, édité chez Grasset et en Livre de Poche, 768 p., 8,60€