Les égouts de Los Angeles, thriller de Michael Connelly
Après avoir lu cet été sept des romans de Michael Connelly, j’ai voulu revenir à l’origine de la série des enquêtes de l’inspecteur Harry Bosch, avec ce premier opus magistral publié en 1993. Histoire de comprendre un peu mieux la complexité du héros, son enfance chaotique, sa mère assassinée, ses séjours en foyer et ses fugues, son engagement au Vietnam.
En particulier son action parmi la folle équipe des « rats de tunnel », rampant dans la boue et l’obscurité, malgré la peur indicible des Vietscongs. Le retour à la vie civile et la difficulté de réinsertion : beaucoup de ces vétérans sombrent dans la drogue et la délinquance. Harry Bosch, lui, intègre la police, le fameux LAPD. Il y devient une sorte de vedette après la neutralisation d’un tueur en série, le Dollmaker, qui fait l’objet d’une mini-série télévisée. Ce qui a pour résultat de le rendre insupportable au patron des Affaires Internes qui le poursuit de sa haine.
Harry Bosch est chargé d’enquêter sur la mort d’un de ses anciens camarades de combat, devenu toxicomane. Celui-ci a été retrouvé dans un des nombreux tunnels d’évacuation des eaux qui sillonnent les sous-sols de Los Angeles. Rapidement, Harry Bosch ne croit pas à une overdose et fait le lien avec le casse spectaculaire d’une salle forte de banque, quelques mois plus tôt. L’affaire va donc être suivie par le FBI puisque les attaques de banque sont des crimes fédéraux. Harry fait donc équipe avec la belle Eleanor Wish … que nous avons retrouvée dans d’autres aventures – dont « Le cadavre dans la Rolls ».
Tous les ressorts de l’art de Michael Connelly sont déjà dans ce premier roman : la psychologie du héros, son inlassable travail d’analyse et de synthèse, ses insomnies récurrentes, sa perspicacité à déceler l’indice qui ne colle pas, son courage physique, sa soif de justice, son charme, sa difficulté à travailler en équipe, sa désinvolture face à la procédure quand l’efficacité prime. La progression dans les tunnels est particulièrement bien rendue, et on pense naturellement à l’affaire du casse de Nice par Albert Spaggiari en 1976, on mesure aussi le décalage technologique avec les polars d’aujourd’hui : pas de téléphone portable mais des bipers, une place mineure laissée aux analyses scientifiques. Malgré ce côté un peu dépassé, je recommande de commencer la série par ce premier épisode particulièrement brillant à l’intrigue aux multiples rebondissements.
Les égouts de Los Angeles – The Black Echo – polar de Michael Connelly traduit par Jean Esch, édité par le Livre de poche, 568 p., 8,30€