Mr. Holmes, film de Bill Condon

Les aficionados des séries de la BBC, avec cette approche sourcilleuse du détail historique, ses paysages de falaises et l'ambiance so british de l'après-guerre ... adoreront ce film délicieusement hors du temps. En fait, il retrace la dernière enquête du célèbre détective qui, en 1947, frise les 93 ans.

Sherlock Holmes vit désormais retiré avec ses abeilles dans une petite maison du Sussex avec sa gouvernante (Laura Linney), veuve d'un pilote de la RAF, et son jeune fils Roger (Milo Parker). Le docteur Watson, qui jadis a écrit toutes ses aventures en les romançant, n'est plus. Holmes ne parvient pas à se pardonner d'avoir échoué dans une dernière affaire. Mais, progressivement, il se rend compte aussi qu'il perd le fil de sa vie ... De plus en plus souvent, il ne parvient plus à se souvenir d'un nom, d'un lieu. Sur le conseil de son médecin, il note la fréquence de ces absences sur un agenda.

En fait, ce sont trois intrigues qui s'entremêlent : celle de cette jeune femme dont le mari pense qu'elle perd la raison, celle d'un correspondant japonais, celle des abeilles qui soudainement semblent mourir en masse. Holmes décide d'écrire lui-même sa dernière histoire, à partir des faits et non de façon fantaisiste comme l'avait fait Watson.

C'est donc une réflexion sur la vérité et non le roman, sur la perte d'autonomie intellectuelle, la responsabilité et la transmission de valeurs à ce petit garçon, particulièrement doué, auquel il enseigne la déduction ... et la manière de soigner les abeilles.

Le film est remarquable par son interprétation : Ian McKellen (né en 1939) - que les jeunes générations connaissent surtout dans le rôle de Gandalf du Seigneur des Anneaux - est terriblement vrai : élégant, malin, vulnérable, malheureux, lucide ... Le jeune garçon est impeccable, et j'ai une tendresse particulière pour le médecin incarné par Roger Allam, vu fréquemment dans des rôles de policier (c'est le patron de Morse) des séries anglaises.