Pour continuer avec la vague d’hypocrisie qui nous submerge …
Quand je considère la place que mes enfants – et petits-enfants - tiennent dans ma vie, je mesure combien l’idée de perpétuation de notre trace anime les hommes et les femmes. L’amour et le don de soi sont au centre de notre vie. Cette réflexion m’a conduite à assouplir considérablement ma position initiale vis-à-vis du mariage ouvert aux couples de même sexe.
Au départ, j’étais totalement opposée non pas au mariage, qui est une institution civile datant de Napoléon et a qui déjà largement évolué pour accorder à la femme les mêmes droits et les mêmes libertés qu’à son mari, mais à l’adoption. Je préfère en effet que l’on respecte le droit des enfants plus que droit à l’enfant. De toutes façons, pour moi, le seul mariage qui compte est le mariage religieux, le mariage civil étant essentiellement un contrat patrimonial destiné à réguler la filiation et les règles de dévolution de l’héritage. Dans ce cas, peu m’importe qu’il soit étendu à des couples de même sexe, consacrant ainsi un attachement sincère et durable, l’amour réciproque entre deux êtres humains étant tout à fait respectable.
Quant à l’adoption autorisée ipso facto aux couples de même sexe, ma position a évolué en écoutant la contribution au débat d’Elisabeth Badinter. Cette éminente philosophe plaide en sa faveur, arguant que les enfants élevés dans des familles homoparentales ne sont pas plus perturbés que des enfants élevés par des familles conventionnelles. Que l’échec de l’éducation survient aussi dans les familles où les enfants ont un papa et une maman … Et lorsqu’on sait quelles précautions les services sociaux prennent avant d’accorder le sacro-saint agrément préalable à toute adoption … on se dit que toutes les précautions seront prises.
Car il est tout à fait possible juridiquement aujourd’hui qu’une personne célibataire adopte un enfant. Ce qui ne l’est pas, c’est que le conjoint d’un couple homosexuel adopte simultanément le même enfant – ou le même adulte. Pour adopter, lorsqu’on est homosexuel, il suffit donc de taire son orientation sexuelle, ce qui ressort de la liberté de chacun. Les apparences sont sauves, la loi actuelle est respectée, encore une fois au prix d’une hypocrisie …
Il n’y a donc pas lieu de se couvrir la tête de cendres à l’idée que le Code Civil puisse bouger prochainement. La société évolue, et personne aujourd’hui ne viendrait à remettre en cause la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse, finalement aussi « chargée » du point de vue philosophique mais reconnue comme facteur de liberté et d’égalité des femmes vis-à-vis des hommes.
Et puis …. Si toute cette gesticulation médiatique ne se résumait qu’à une simple question d’ordre fiscal ? Le désir immuable et atavique de transmettre son patrimoine à ses descendants, de protéger le conjoint survivant du couple est partagé par tous. Or il faut savoir que les droits de succession entre époux (ou entre pacsés) sont beaucoup plus légers (exonération) que les droits de mutation entre parents et enfants adoptifs en cas d’adoption simple. Lorsqu’un homosexuel désire favoriser son compagnon plus jeune, et l’adopte, il s’agira obligatoirement d’une adoption simple (Seule autorisée lorsque l'adopté a plus de 15 ans).
Dans ce cas, cette filiation n’ouvre doit à aucun abattement spécifique au point de vue fiscal. La succession sera taxée à 60%, c’est-à-dire au même taux qu’entre deux parfaits étrangers. Quand l’union a duré longtemps et que la vie commune a généré un important patrimoine … cela peut paraitre injuste.
Alors, cessons de remuer ciel et terre. Les mœurs évoluent, la liberté est un bien commun important. Même si on ne comprend pas bien tel ou tel comportement, il faudrait que chacun fasse un effort, tolère et accueille l’autre, celui qui pense ou agit différemment. Et puis, en ces temps de crise, il y a bien d’autres sujets de préoccupations … Les Français ont accordé leurs suffrages à un programme politique prévoyant clairement le mariage pour tous, on ne peut se prétendre démocrate et refuser une disposition législative prévisible.