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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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5 juillet 2012

Clairvivre, la cité idéale des tuberculeux

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A moins de dix kilomètres du château d’Hautefort, en pleine campagne et autant dire au milieu de nulle part, sur la commune de Salagnac en Dordogne, on tombe sur une étrange cité « radieuse », construite en béton dans le plus pur style théorisé dans la Charte d’Athènes par un tout jeune architecte élève d'Auguste Perret, ami d’Henri Sellier : Pierre FORESTIER.

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Clairvivre est la  première cité sanitaire française, la première application en France des idées modernes à la fois sur le plan architectural, constructif et urbain. Un projet portés par des savants « fous » d’hygiénisme.

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La Cité est l’œuvre de la Fédération Nationale des Blessés du Poumon et Chirurgicaux et de son infatigable et inébranlable secrétaire général, Albert Delsuc. Après la Grande Guerre, nombreux sont en effet les anciens combattants gazés, blessés, tuberculeux, dont les blessures ne se voient pas, mais qui réclament une assistance médicale et à la réinsertion adaptée à leur situation.

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Les obstacles au projet sont immenses, mais André Maginot, l'omnipotent ministre, veille. En 1930, le parlement vote un crédit de 60 millions pour son édification. Mais ce ne sera pas suffisant. On fera appel aux multiples sections de la Fédération, aux ressources tirées du "Timbre anti-tuberculeux" (les personnes de ma génération se souviennent des petits carnets qu'il nous fallait écouler à l'école ....).

 

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Les difficultés de la crise économique mondiale, celles inhérentes à tout chantier novateur à une époque où pratiquement tout se fait à la main, les dissensions politiques – il s’agit d’un projet de gauche. Pendant la seconde guerre mondiale, Clairvivre accueillera la Faculté de médecine de Strasbourg repliée, et aussi Irène Jolliot-Curie qui y laissera un dépôt ...rayonnant !

La vocation de la cité Clairvivre était de traiter les victimes des attaques au gaz de la première guerre mondiale et les tuberculeux avant l’invention des antibiotiques. Les malades pouvaient être accompagnés de leurs familles tout en étant placés sous surveillance médicale constante. Des activités et des ateliers étaient prévus pour leur permettre de reprendre une vie normale par un travail compatible avec leur état de santé. Car la cité doit s’autosuffire et produire de quoi fonctionner .. ; tout y est pensé rationnellement, jusqu’aux bancs de repos qui parsèment les allées.

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Les promoteurs de cette idée généreuse et utopique avaient vu grand : sur 150 hectares, un hôtel de 211 chambres destiné à l’hébergement des malades célibataires et des visiteurs, un établissement de soins, une poste, un abattoir, un centre commercial dénommé « magasin général » pour l’approvisionnement, une centrale électrique, une station d’épuration, une base de loisirs près d’un étang avec un restaurant, une salle de cinéma, des ateliers … Tout était prévu pour satisfaire au confort moderne. Et surtout, 177 pavillons jumelés, équipés de chauffe-eau, radiateurs et de cuisinières électriques, avec un solarium pour le repos au soleil des malades. Pas de lieu de culte, pas d’école (on n’eut pas le temps de la construire).

Le premier habitant arriva en 1933, mais en 1934, l’hôpital ne fonctionnait pas encore. Aujourd’hui, on évoquerait la notion de « léproserie », mais à l’époque de sa conception, la cité de Clairvivre répondait à une vocation généreuse, une idée née en Angleterre, à Papworth.

La cité telle qu’elle existe aujourd’hui répond toujours aux objectifs fixés par Albert Delsuc.

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La totalité des bâtiments existe encore, les maisons semblent bien entretenues, on refait actuellement le macadam des circulations devant le Grand Hôtel.

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Certains bâtiments ont changé d’affectation, (les gîtes ruraux par exemple) et des structures nouvelles sont venues compléter les anciennes. C’est un établissement public départemental qui reçoit aujourd'hui des travailleurs handicapés au sein :
- d'un Etablissement ou Service d'Aide par le Travail (ESAT),
- d'un Centre de rééducation professionnelle qui dispense des actions de définition de projet de réinsertion professionnelle (préorientation, lutte contre l'illettrisme),
- des actions de formation professionnelle qui couvrent de larges secteurs de l'économie. Le C.R.P. fonctionne en internat ou demi-internat, l’hébergement étant assuré dans des pavillons comprenant chacun une dizaine de chambres (majoritairement individuelles avec salle de bains indépendante). L'hébergement est gratuit pour les stagiaires de la Formation Professionnelle.

Une cité inondée de soleil, qui a plutôt bien vieilli, enchâssée au cœur du Périgord, un amphithéâtre de verdure où l'on continue à s’occuper de blessés de la vie. Une impression étrange à parcourir ces sentiers fleuris, tout de même …

 

Sources : "Clairvivre… de l’utopie à la réalité", de Jacqueline Desthomas et Jean-Jacques Joudinaud aux Éditions de la Tuilière, et "Clairvivre, une ville à la campagne" par Pierre Moreau, éditions du Linteau

Commentaires
F
Merci pour ce petit article sur la cité de clairvivre. <br /> <br /> <br /> <br /> Mlle Flavie Delsuc, petite fille d'Albert Delsuc
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H
Votre commentaire et surtout la photo sur ce sanatorium m'a rappelé celui que je viens de découvrir (en ruine malheureusement)dans le Val d'Oise à Aincourt http://www.aincourt.org. Les deux origines se ressemblent beaucoup.<br /> <br /> Merci pour les découvertes que je fais au travers de votre blog que j'apprécie chaque jour davantage.<br /> <br /> Cordialement,<br /> <br /> Hélène
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D
Emotion... Mon beau-père ( que je n'ai pas connu car mort jeune) a ramené la tuberculose de ses années de déportation en Allemagne, et il y a vécu en 1950 en famille et donc avec mon mari, bébé à l'époque.
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L
E' bello sapere che prima dellla scoperta degli antibiotici, quindi prima che ci fossero speranze per i malati di tubrcolosi, si è pensato ad una struttura,anzi ad una piccola città costuita in virtù dei sofferenti di questa malattia che metteva i margini( se non al bando) della società<br /> <br /> cosiddetta civile.Grazie per questa segnalazione.Mia madre era assistente sanitaria proprio all'istituto antitubercolare di Messina e mi ha insegnato a non considerare bestie nere i tubercolotici.Grazie davvero. liliana
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