Hoda Charaoui, l'Egyptienne
Au détour (précisément à la page 244) du dernier livre de Gilbert SINOUE, « Le souffle du jasmin », dont je reparlerai plus tard, je découvre le personnage extraordinaire de Hoda Charaoui, grande figure du féminisme et du nationalisme arabes. Un destin à méditer…
Elle
signifiait ainsi que la femme
égyptienne se lançait dans l’ère moderne et
la lutte pour la libération de son pays. Le discours de Hoda Charaoui ne
touchait que les femmes de la haute société, car la réclusion et le port du voile,
signes sociaux de leur position privilégiée, qui leur étaient en principe
imposés plus strictement, étaient ressentis comme une violation essentiellement par des femmes
avec assez d’instruction et de loisirs pour s’ouvrir à des idées nouvelles en
lisant les journaux et les romans étrangers.
Les paysannes et femmes du peuple dans
les villes, qui souvent travaillaient hors du foyer, étaient plus ou moins
libres de sortir. Elles pratiquaient la ségrégation des sexes autant qu’elles
le pouvaient mais leur habitat n’était en général constitué que d’une
seule petite pièce où s’entassaient épouses et gent féminine de la maison,
protégées du regard des hommes par un simple rideau. Aucune documentation ne
permet de prouver de façon irréfutable que la majorité des femmes était
particulièrement gênée par la nécessité de se couvrir le visage dans la rue. Si
le système patriarcal les faisait souffrir, c’était dans d’autres domaines,
comme les mariages forcés et les grossesses multiples.
Hoda (ou Huda, ici à droite) est la fille d’un
notable et d’une esclave circassienne. Elle est née en 1879 dans une grande
famille. Elle parle très naturellement français mais pour rédiger en arabe,
elle a besoin d’un secrétaire car on ne lui a pas permis d’apprendre la
grammaire…. Elle ne séparera jamais la cause des femmes de la libération
nationale. Elle fonde un dispensaire – qui va devenir un hôpital - et une école
de puériculture et d’enseignement ménager. Son mari participe à la création du
parti nationaliste Wafd qui milite pour l’émancipation de l’Egypte de la
tutelle britannique. Elle s’engage aussi et devient présidente du Comité
central en 1920. Elle lance la revue « L’Egyptienne » qui milite pour
les droits des femmes dans le monde arabe, embrasse la cause palestinienne et
combat la déclaration Balfour.
C’est peu après le décès de son mari qu’elle se dévoile de façon spectaculaire.
Cependant, à la création de la Ligue arabe en décembre 1944, elle déplore l’absence de femmes et déclare :
« La Ligue dont vous avez signé le
pacte hier n'est qu'une moitié de Ligue, la Ligue de la moitié du peuple
arabe. ».
Hoda Charaoui décède en 1947.