La Cantatrice chauve, d'Eugène Ionesco Théatre AKTEON
Classique des classiques, la pièce d'Eugène Ionesco (créée en 1950 et pratiquement jouée sans cesse depuis) n'a pas pris une ride. Ici, elle est servie par une équipe de jeunes acteurs particulièrement dynamiques et pétulants. Mais est-ce vraiment une pièce ? Les spécialistes parlent d'anti-pièce, du triomphe de l'esprit de dérision, je parlerais volontiers d'absurde à l'état incandescent.
L'intrigue ? Un prétexte. Deux couples se retrouvent pour diner et débitent les banalités d'usage, qui là, touchent au sublime. Le décor est lui aussi absurde : une boîie noire. Les accessoires : ceux du cluedo. Les personnages, pas seulement décalés, loufoques, mais parfois troublants.
Ainsi Mary, la bonne. Longiligne silhouette en bas et tablier blancs, un faux air de Valérie Lemercier....mais c'est Paul Bouffartigue qui l'incarne, avec son si joli bouc bien taillé, scandant le temps de ses "Bings" sardoniques. Les Smiths et les Martins bouclent un texte d'une précision absolue, et qui se mord la queue. Le meilleur réside dans les non-dits, le malaise s'installant au coeur de coïncidences qui n'en sont pas. Faut pas chercher à comprendre mais se laisser bercer par les mots, enfilés les uns aux autres, chevilles et lieux communs devenus géniaux....
Bref, un court moment où l'on se sent en apesanteur de logique, dans un rythme effréné, jubilatoire. Quelle énergie !
La mise en scène est de Françoua Garrigues, avec Christophe Poulain, Aurore Monicard, Guillaume Riant, Julie Boris, Hélène Chrysochoos, et le déjà cité Paul Bouffartigue. Jusqu'au 16 janvier au Théatre Aktéon, 11, rue du Général Blaise Paris 11 - 01 43 38 74 62.