Louis Comfort Tiffany, au musée du Luxembourg
Couleurs et lumière : le titre de cette nouvelle exposition ouverte depuis jeudi et jusqu'au 17 janvier est tout à fait explicite.
Connaissant ma prédilection pour l'Art nouveau, il était normal que je m'y précipite !
Comme toujours, en sortant du musée du Luxembourg, on se sent un peu frustré car l'étroitesse des lieux impose une sélection drastique des oeuvres présentées.
Ici, il faut reconnaître que le choix (160 objets) est relativement large et qu'on a de quoi en prendre "plein les yeux"...
Car Louis Comfort TIFFANY (1848-1933) est un magicien du verre, et de l'électricité.
Cet art inspiré directement des formes de la nature, fluide et parfois controversé, a vu éclore dans le monde entier des talents s'exprimant dans l'harmonie de leur temps, un temps d'intense développement industriel : Sécession à Vienne, Jugendstil à Berlin, Alphonse Mucha à Prague, Daum, Majorelle, Gallé, Guimard, Lalique à Paris, le mouvement Arts and Crafts et Liberty à Londres, Horta à Bruxelles....Tiffany à New York.
Louis Comfort est le fils du bienheureux fondateur de la maison Tiffany, détaillant d'objets d'art et créateur de bijoux célèbre. Autant dire qu'il baigne dans cette atmosphère de beauté et de luxe dès son plus jeune âge.
Il en a dirigé les studios de création après la mort de son père, fait travailler avec talent des dessinatrices restées dans l'ombre telles Clara Driscoll ou Agnès Northrup, et c'est aussi un industriel qui fait une grande partie de son chiffre d'affaires avec les vitraux, durant cette période de construction de lieux de culte, pour "suivre" l'immigration de communautés entières au tournant du siècle.
L'exposition est particulièrement bien expliquée à ce sujet et la présentation de ces grandes pièces représente une prouesse. il faut se rapprocher des vitraux pour constater qu'au-delà du choix des couleurs et des motifs, la texture des verres employés fait partie intégrante de l'art du verrier : verres ondulés dans la masse, incrustés de cabochons qui accrochent la lumière, épaisseurs différenciées.
Et puis, les lampes si caractéristiques, alliant la pesanteur du bronze aux couleurs chatoyantes vues par transparence grâce à l'électricité. Ne pas manquer de détailler les pieds, en particulier la lampe "Wisteria".
Pour ma part, je trouve Tiffany souvent à la limite de la pesanteur, mais c'est aussi ce qui donne à ses créations un charme incomparable car, cette limite, les dessinateurs ne la franchissent jamais. Je me permettrai de préférer Lalique, surtout dans sa production de bijoux. En passant, un grand merci au concepteur de cette expo, Hubert Le Gall, qui avait également "mis en scène" l'exposition Lalique.
Cependant, la filiation est évidente : Louis Comfort Tiffany est venu à Paris, il a engagé des peintres français comme H. de Toulouse-Lautrec, Maurice Denis, Bonnard.....Les libellules, les iris, les décors d'eau et les transparences...un voyage dans l'univers de l'Art nouveau qui ne décevra pas les amateurs.