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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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18 janvier 2009

Le premier principe, le second principe

Par Serge Bramly, chez J-C Lattès. (22 €) : Une critique de Claude.

BramlyOn a tremblé cet automne : des rumeurs donnaient le très pâlichon « Traitre » de Dominique JAMET pour le prix Interallié ; nous avons dit ce que nous pensons de ce livre écrit à l’eau de rose, qui réussit à faire de la plus terrible des histoires un tissu de platitudes. Mais non, les jurés de l’Interallié ont résisté, et ils ont élu un bon livre, un de ces bouquins que l’on a du mal à lâcher le soir, qui réduisent encore les courts trajets du TGV, ou font oublier les angoisses dans ces avions qui n’amerrissent pas toujours si bien.

 

Disons-le aussi : c’est un livre plein de petits défauts, à commencer par les fautes d’orthographe et de syntaxe. A propos, pourquoi les livres français sont-ils devenus des horreurs orthographiques ? Parce que les correcteurs sont trop chers ? Ou parce qu’il ne s’en trouve plus, dans ces générations fauchées par les ravages de la « Méthode globale » ? Il y a aussi des bêtises agaçantes, des erreurs de documentation sur l’Etat : le « confidentiel défense », tenu pour un haut degré de secret, alors qu’il est accessible à tout fonctionnaire, un préfet qui rédige lui-même un discours de remise de décoration, et qui se fait payer pour être laudatif, deux choses aussi invraisemblables qu’ un « oranger sous le ciel irlandais ». Enfin, des longueurs dans l’avant-dernière partie. Certes l’auteur veut nous faire partager l’ennui et la médiocrité du « Boulevard MORTIER », siège de nos ineffables services secrets, où les officiers font des réussites sur leur vieil ordinateur,  mais il y parvient si bien qu’on s’ennuie ferme vers la page 400.

 

Voilà pour les nuances ; mais oublions-les, pour retenir que Serge BRAMLY est un écrivain qui sait écrire. La première partie est parfois éblouissante, notamment la très troublante agonie de la Princesse dans le souterrain de l’Alma, ou son « Royal Wedding », dont la retransmission télévisée fascine, partout en Europe, les protagonistes, inquiétants ou ridicules, de ce récit.

L’auteur sait entremêler les écheveaux de vies étrangères les unes aux autres, et qui se rejoindront pour le malheur des personnages et le bonheur du lecteur. Ces êtres sont campés avec précision, leurs ressorts bien décrits quoiqu’un peu stéréotypés (l’argent, l’ambition, la cruauté, les appétits sexuels, l’amour, la médiocrité, la peur, le goût du risque …). L’auteur est aussi à l’aise dans les salons de RIVOLI[1] que dans la froideur d’un matin bosniaque. Donnons la palme à cette fin de 14 juillet élyséen, que Fellini aurait pu signer.

Bref, BRAMLY nous offre tout ce que les Français ne savent plus faire, depuis qu’il est interdit par le Code général de la Littérature Français de raconter la moindre histoire, sauf à être catalogué « roman de gare ».  Si je n’avais pas peur de froisser gravement l’auteur, j’écrirais qu’il s’approche des grands maîtres britanniques et américains du genre : John GRISHAM, Frederick FORSYTHE, LITTELL Père. J’avais envie d’écrire, en montant d’un cran, John IRVING ou William BOYD, mais ne soyons pas démagogue.

 

En tout cas, souhaitons une longue et belle carrière à ce roman, qui fera un très bon film assez vite.


 

[1] Nota archéologique : site historique du Ministère des Finances, avant que le Sphynx n’exile les maîtres de la France dans le XIIème

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