Un américain, sinon, rien !

Et bien me voici de retour à la maison, parfaitement rayonnante au propre comme au figuré.
J'ai en effet subi - mais ce n'est pas bien méchant - une épreuve d'effort suivie d'une scintigraphie du muscle cardiaque.
Et tout d'abord, je vous parle du cadre : mon gentil cardiologue m'a prescrit d'aller à l'Hôpital américain, à Neuilly.
Et là, par rapport à Cochin, c'est le choc.
Bien entendu, c'est autre chose, un autre monde. Plein de messieurs décorés, des dames avec la panoplie complète Foulard Hermès-sac Vuitton, un personnel qui vous accueille comme si vous étiez dans un salon de beauté...cela m'a fait penser à mon unique soin chez Guerlain....il y a tellement longtemps que je ne sais plus quand. Et, aussi, c'est plus cher, et sans doute la part prise en charge par la mutuelle, moins importante. A vérifier plus tard. Mais là n'est pas le sujet.
Je suis heureuse qu'Anne-Christine ait choisi ce lieu pour mettre au monde son troisième bébé.
Cet établissement, niché dans les frondaisons bordant les larges avenues de Neuilly, a été fondé en 1906, par des mécènes. Il a pris une ampleur beaucoup plus importante lors de la Première Guerre Mondiale, naturellement. Mais il reste un établssement qui n'est subventionné ni par l'Etat français, ni par l'Etat américain. Uniquement par de généreux donateurs.

Pourquoi suis-je rayonnante : parce qu'on m'a injecté un produit légèrement radioactif, l'isotope Thallium 201, pendant qu'il me fallait pédaler sur un vélo - pardon, on dit un cycloergomètre - et que simultanément on mesurait ma tension et le rythme de mon coeur sous ECG (Electrocardiogramme).
Le truc est pervers : vous commencez à pédaler à un niveau satisfaisant, et en douce, le médecin vous ajoute à chaque minute une charge supplémentaire virtuelle dans votre panier tout aussi virtuel. Et il vous demande de garder le même rythme. Ce qui équivaut à grimper une - petite - cote.
Ensuite, on vous passe à la gammacaméra : le coeur est photographié sous tous ses angles pendant une quinzaine de minutes, à raison d'un changement de position de la caméra toutes les 45 secondes. L'objet est impressionnant : plus que le scanner où on a l'impression d'entrer dans un cocon de lumière ; là, cela fait penser à la station de lavage automatique de la voiture au moment du sèchage : on se demande toujours si le truc (la caméra fait le tour, plus ou moins près du corps) va se relever à temps et ne pas scalper le toit du véhicule. Ici, on prie pour que le bidule reste solidement attaché.
Une fois "à chaud" juste après l'effort, puis une fois "à froid" après quatre heures. Claude était avec moi, on en a profité pour faire une jolie marche dans Neuilly, où tout est bien propre, un peu "figé" toutefois. Il n'y a pas un brin d'herbe qui dépasse. Sauf les pauvres marronniers qui se déplument inexorablement....
Tout ça pour obtenir une cartographie détaillée de la manière dont mon coeur est irrigué. C'est moins précis qu'une coronarographie, mais bien moins invasif et moint dangereux. Seul bémol : je vais évacuer mes isotopes dans les toilettes....et tout ça va polluer les eaux usées de Paris : combien de patients auront-ils subi le même examen que moi aujourd'hui...demain...depuis combien de temps - ça ne disparaît pas comme ça, ces petites bêtes !
La suite au prochain numéro, avec l'interprétation des résultats par le gentil cardiologue, vendredi après-midi !
Et puis en prime, à la fin de l'examen vers 14 heures, nous avons déjeuné dans le salon de thé qui occupe la moitié du hall d'accueil de l'hôpital. Mobilier, personnel et clients, tout d'un grand hôtel. Super sympa, et même plus, étonnant.