Les Guerriers enterrés de l'Empereur Qin
Exposition à la Pinacothèque de Paris, 28, place de la Madeleine, jusqu'au 14 septembre
Est-ce
la cruelle actualité sur le tremblement de terre au Shanxi qui nous a poussé à
voir cette exceptionnelle exposition organisée par la Pinacothèque de Paris ? Sans doute pas, mais
je n’ai pu me défendre de penser à cette immense armée enterrée, gardant depuis
tant de siècles le tombeau du premier empereur Quin, sous la menace d’un
nouveau et terrible tremblement de terre. Et la visite en vaut la peine, dans
un cadre en sous-sol tout à fait approprié.
C’est
là en effet une petite – mais très bien présentée et commentée – sélection de
l'une des plus fabuleuses découvertes archéologiques du XX siècle : les légions
enterrées de L'Empereur Qin, premier Empereur de Chine, qui a accédé au pouvoir
en 210 avant J.C., présentées pour la première fois à Paris. Trente années et
une main d'oeuvre de 700 000 personnes ont été nécessaires pour l'édification
de la nécropole. Les statues sont un peu plus grandes que nature : elles
mesurent entre 1,80 et 1,95m.
Elles étaient équipées d’armes bien réelles (épées, lances – ce qui se dit
« mao » en chinois…) qui ont, par la suite, souvent fait le
bonheur des pilleurs. L’exposition présente aussi une très curieuse armure,
fabriquée à partir de petites plaques de pierre calcaire. On imagine le poids
qu’elle devait représenter….Une première introduction avec trois statues de
terre cuite de soldats, un merveilleux cheval sellé également en terre cuite et
la copie d’un char de combat à quatre chevaux, avec leur harnachement, en bronze.
Les traits des soldats seraient ceux des vrais soldats de l’empereur de Chine.
Leur découverte a été faite à un kilomètre du gigantesque complexe funéraire où
se trouve la tombe du premier empereur. Trouvées dans trois fosses différentes,
les statues ne seraient que la pointe émergée de ce complexe. En effet,
celui-ci s’étend sur plusieurs dizaines de kilomètres et le tumulus principal
n’a toujours pas été fouillé. Le parcours de l’exposition propose ensuite un
foisonnement d’objets usuels de la société chinoise, depuis le IXe avant J.-C.
jusqu’à la fondation de l’empire chinois par Quin Shi Huangdi : cloches
rituelles de bronze, vases ding
pour les offrandes de viande, plaques de jade finement ciselées, une ravissante boucle de ceinture en or ornée d'une tête de canard, etc.
Une société chinoise bien plus ancienne et évoluée qu’on ne peut le soupçonner.
Un détail parmi d’autres : le motif indéfiniment répété d’entrelacs sur
les vases rituels en bronze, qui ressemblent, et pour cause, aux motifs sculptés
sur les granits précolombiens….En bouquet de conclusion, une quinzaine de
soldats de terre cuite, allant de l’officier supérieur au
simple fantassin, d’une stupéfiante beauté.