Un homme d'état au destin de roman
Sa vie est
digne d’un roman à tel point que Balzac s’en est inspiré pour le personnage de
Rastignac. Son père était un escroc et l’a abandonné. Il était d’une taille
nettement inférieure à la moyenne. Il fut président de la République, bougeait
sans cesse et pratiquait une éloquence d’une persuasion redoutable. Non, non,
ce n’est pas celui auquel vous pensez….Il s’agit d’Adolphe Thiers, dont la
biographie, sous la plume de Georges Valance, « Thiers, bourgeois et
révolutionnaire » vient de paraître chez Flammarion (446 pages).
Entré très
jeune en politique, attaché à l’argent et à son confort comme un homme issu de
peu, symbole de la bourgeoisie conquérante du XIXème siècle, on a souvent
tendance à ne l’évoquer que comme le fossoyeur de la Commune. Certes. Mais
l’image est réductrice. Ce provincial à l’accent rocailleux séduit par son
intelligence et grâce à son talent et à son ambition. Il se fait cornaquer par
Talleyrand. Journaliste, historien de la Révolution, du Consulat et de l’Empire,
il sera au cœur de la révolution de 1830 et théorise le système parlementaire.
Jamais séduit par Napoléon III, il met en garde contre l’impréparation de la
France et prévoit la catastrophe de 1870. A 73 ans, ce sera lui qui néanmoins
négocie avec Bismarck les conditions de paix, arrache le territoire de Belfort
et réalise le redressement financier permettant à la France de s’acquitter de
l’énorme dette de cinq milliards qui lui est imposée. Ainsi, plusieurs mois
avant l’échéance, le territoire est libéré des troupes allemandes. Le dernier
soldat d’occupation retourné au—delà du Rhin, Thiers sera mis en minorité par
la République qu’il a largement contribué à installer dans une France où les
élites sont largement monarchistes. Pas étonnant donc, qu’un tel nombre de rues
portent son nom….