Scènes de rue avec Romane
Quelques mètres à Paris avec Romane
Histoire de faire prendre l’air à notre petit oiseau (qui a chanté une bonne partie de la nuit), cloîtré avec sa maman en l’attente du petit frère, j’ai voulu emmener Romane jusqu’à la pharmacie de la rue Vavin pour acheter de nouvelles tétines « avec des étoiles »…marque Dodie, modèle MAM. Il est quatre heures, et je prévois en revenant d’acheter du pain. Un programme simple.
Après un premier round consistant à contester le type de chaussures (avec changement de modèle malgré la réussite de la première monte), nous voilà parties …avec la trottinette.
On roule tant bien que mal jusqu’à la pharmacie, on gare l’engin à l’entrée, on choisit deux tétines en espérant que cela conviendra ce soir.
Pour le retour, on change de trottoir et, oh ! mauvaise idée, nous passons devant la micro-boutique de bonbons Haribo. Romane y entre : c’est un festival de tentations avec des casiers pleins de couleurs partout. Je lui propose une guimauve pour la faire sortir – la boutique mesure moins de 2 mètres en largeur et est déjà encombrée de plusieurs clientes. Le temps de payer (20 centimes, une fortune pour 1 bonbon !), Romane a goûté et me le rend dédaigneuse… « Beurk, j’en veux pas ! » et, derechef, elle s’assoit au milieu du magasin. Je parlemente….Même la trottinette semble ne plus l’intéresser. Pour la déloger, la patronne lui fait cadeau d’une sucette. Romane consent à sortir pendant que d’une main je me saisis de la trottinette, et des deux autres, je dépiaute la Chupa chups….puis nous nous rendons vers la boulangerie où une scène pénible se passe.
Un monsieur très chic, dans la soixantaine svelte et décoré de la rosette, fait un esclandre, se plaignant du fait que son gamin serait malade à la suite de l’ingestion d’un sandwich « maison ». Les vendeuses protestent et n’en peuvent mais, le client hurle. Ambiance. J’achète mon pain, une main dans celle de Romane, l’autre tenant la trottinette. Nous sortons, Romane, toujours affairée à sucer son bonbon. Tellement affairée qu’à l’angle de la rue d’Assas, elle se cogne bille en tête dans la boîte à lettres…qui est suspendue juste à sa hauteur. Patatras, elle lâche la sucette qui va rouler sur le trottoir. Bien entendu, impensable de la lui redonner. Je la jette à a poubelle. Romane s’assied par terre et hurle. Et c’est là que je me rends compte que j’ai oublié le pain que je viens d’acheter à la boulangerie. Je relève péniblement Romane et la convainc de revenir sur nos pas, histoire de lui donner un morceau de ce pain pour la faire taire. Retour, récupération de la miche oubliée, petit prélèvement pour le fauve. Le quignon est englouti le temps de revenir à notre point de départ (la boîte aux lettres). Sont à l’arrêt, en une file qui me paraît sans fin, DEUX autobus : Romane hurle qu’elle veut monter dans l’autobus, s’assied derechef par terre. Tout le monde me regarde comme une horrible grand-mère en train de perdre mon calme : je suis bloquée là, à l’heure de la sortie des classes, des adolescents qui crient « Faut pas pleurer ! », avec un bébé à mine adorable et abominablement houspillé. Il me faut la porter – en plusieurs étapes car le souffle me manque – gesticulant et hurlant – elle fait un tel vacarme dans le hall de l’immeuble que la gardienne sort sur le pas de la porte. J’ai droit à un regard noir d’une des copropriétaires, ma réputation est foutue. Bref, un morceau d’enfer pour une sucette ! Vive les enfants.