Palais disparus de Napoléon, exposition aux Gobelins
C’est sans nul doute la dernière exposition organisée dans le cadre du bicentenaire de la mort de Napoléon.
Et ce sont ses derniers jours …
Pour moi qui suis toujours très attachée au style Empire – celui que j’ai choisi en 1967 pour les objets de notre liste de mariage – c’était un enchantement, et pour pas un euro car hier après-midi, l’entrée était gratuite … et il n’y avait pas grand monde !
On comprend très bien le propos de la Galerie des Gobelins : dans ce mobilier impérial, il n’y a pas seulement des sièges, des commodes, des bronzes, des décors signés des plus grands artistes de ce temps : Jacob-Desmalter, Percier (son portrait est ci-dessous), Fontaine, Odiot … et tous les autres.
Il est aussi question de sublimes cartons de tapisseries et de tentures de grand format qui ornaient les palais du Premier Consul, puis de l’Empire, de Joséphine, Marie-Louise et le jeune roi de Rome.
Ce sont ici, issus des merveilles du Mobilier National, quelques-uns des trésors jadis évacués à temps et qui ont donc échappé aux incendies qui ont détruit en 1870 ces palais aujourd’hui bien oubliés : Saint-Cloud et Meudon pendant la guerre Franco-Prussienne et les Tuileries durant la Commune.
Dès son arrivée au pouvoir, Bonaparte souhaite en effet terminer la Révolution et rétablir l’ordre et la grandeur du pays, notamment en donnant du travail aux artistes, artisans, ébénistes, graveurs, bronziers, lissiers, ouvriers des manufactures.
Il compte redonner tout leur lustre aux fastes de la Cour et se coule dans les palais des rois de France, rétablit une sévère étiquette.
Pacifier le pays et redonner à l’industrie française sa place d’excellence face à ses concurrents européens : une forme de relance très keynésienne de l’économie avant l’heure.
La question du financement de cette dépense publique ne se posa pas longtemps puisque les conquêtes de l’Empire furent rapidement très lucratives.
On mesure la progression des décors année après année – bien mise en valeur par la scénographie de l’exposition - mais on reste étonné du foisonnement des commandes sur une période aussi brève - moins de 15 ans …
Ainsi a pu déclarer Louis XVIII à son frère le comte d’Artois en évoquant Napoléon : « Mon frère, nous avons eu un bon concierge. »
Palais disparus de Napoléon, exposition du Mobilier National, Galerie des Gobelins, 42 avenue des Gobelins, Paris 13ème, ouvert de 11h à 18h tous les jours sauf le lundi, jusqu’au 16 janvier.
NB : ne pas rater les reconstitutions des décors en numériques visibles sur Youtube !
Commissaire général : Thierry Sarmant, Conservateur général du Patrimoine.