Mémoire courte
En réalité, nous sommes des enfants gâtés.
Nous nous sommes collectivement habitués au progrès économique et technologique infini, à une certaine invincibilité, au sentiment d’être désormais à l’abri d’un conflit armé ou d’un cataclysme naturel. Eh bien non. Nous sommes vulnérables à de nouveaux fléaux, inattendus, inimaginables, comme ceux que nos anciens ancêtres ont subi, sans pouvoir rien y faire …
Si anciens que ça ? Voire …
En 1957 – 1958, nous avons souffert de la grippe "asiatique » qui a fait en France, sur deux hivers, environ 25000 morts. A l’époque, aucun vaccin contre la grippe saisonnière, aucune thérapeutique. La croissance économique avait pourtant atteint 4,6% par an … avec une inflation qui frise les 15%. Il n’y a pratiquement pas de chômage mais la balance des paiements est, comme toujours, très déficitaire. On vient de mettre en route une réforme monétaire - le "nouveau Franc" - les autorités minimisent l’impact de l’épidémie, il n’y a pas de canal d’information autre que les sources contrôlées par le gouvernement …
Dix ans plus tard, c’est la grippe dite de Hong-Kong, causée par une souche de la grippe A, issue du virus H3N2. On dénombre 31000 morts en France. 6000 morts pour le seul mois de janvier 1970. Mais on en parle peu dans les médias : c’est la crise de l’après mai-68 qui mobilise les commentaires … Personne ne parle de pandémie. Et pourtant le vaccin existait, mais il n’avait pas été produit en quantité suffisante, personne n’aurait pensé qu’il fallait en prévoir un à deux millions de doses … C’est cette expérience qui avait fait réagir Roselyne Bachelot lors de l’arrivée de la grippe H1N1, avec le succès que l’on sait …
Nous sommes aujourd’hui dans la tourmente de l’information continue avec déjà plus de 3000 décès dus au Covid-19 depuis le début de l’épidémie et plus de 400 morts supplémentaires chaque jour (en milieu hospitalier), sachant tout de même qu’en France meurent quotidiennement 1700 personnes en période normale et qu’on enregistrera sans doute moins d’accidents de la route ...
C’est seulement en fin de période que nous pourrons mesurer la surmortalité nette due à ce virus nouveau contre lequel nous n’avons aucun moyen de prévention pour l’instant, et les effets du confinement pour en bloquer la progression effrayante du virus. Une mesure jamais appliquée jusqu’ici et dont les conséquences économiques vont être terribles.
Le prochain épisode, ce sera un plan de financement massif, à l’échelle mondiale, pour faire repartir nos entreprises, relancer les investissements… un grand emprunt à long terme ou un impôt exceptionnel, pour faire sortir enfin les épargnes de précaution improductives des livrets A … Ou une nouvelle contribution pour éponger le déficit budgétaire inévitable.
Mais notre santé est à ce prix !