Musée Christian Dior à Granville
Placée idéalement sur la falaise face aux îles Chausey, la maison familiale des parents de Christian Dior (1905-1957) est entourée d’un magnifique jardin. Elle s’appelle « Les Rhumbs » en référence à l’unité de mesure d’angle (11,25°) entre deux directions d’une rose des vents.
Construite en 1895 par un industriel parisien, elle a été achetée en 1906 par Maurice Dior, père de Christian, industriel granvillais fortuné qui œuvre dans la chimie.
C’est la maison d’enfance du couturier qui deviendra sa maison de vacances lorsque ses parents viendront s’installer à Paris. Sa façade rose et grise inspirera ses couleurs fétiches au jeune homme.
Ruiné par la crise de 1929 et devenu veuf en 1931, Maurice Dior cède la villa à la municipalité qui a le projet de la raser pour la remplacer par un plan d’eau au milieu d’un jardin public. Ce projet est abandonné (ouf !) avec l’arrivée de la guerre.
Le jeune Christian Dior entame des études à l’Ecole des Sciences politiques où il entre en 1923 mais qu’il quitte sans diplôme en 1926. Il ouvre ensuite avec des amis une galerie d’art où il expose les peintres avant-gardistes de l’époque : Picasso, Braque, Dufy, Matisse, Dali …
Il ouvre sa maison de couture en 1947 avenue Montaigne, elle sera financée par Marcel Boussac. Sa carrière sera finalement courte, avant d’être à nouveau mise en valeur par le jeune Yves Saint-Laurent.
Restaurée, la villa Les Rhumbs sera transformée en musée à partir de 1997 par la ville de Granville grâce à l’initiative de son maire Bernard Beck et au mécénat de Bernard Arnault.
C’est une maison plein de charme, où les modèles emblématiques qui firent la célébrité du couturier dans le monde entier sont mis en scène : la taille étranglée au-dessus d’une avalanche de plis du style new-look avec le tailleur noir et blanc « bar », le drapé subtil de la robe « concerto » ou la robe "bonbon", les dessous structurés, les accessoires, l’influence orientale, les robes brodées … un voyage parmi les modèles les plus « chics » destinés à faire briller les dames de la haute société, un désir de montrer la réussite après les terreurs et les privations de la guerre.
Naturellement, ces formes apparaissent aujourd'hui terriblement "datées", mais il faut se replacer dans l'esprit de ce temps-là, celui de mon enfance ...Bien plus qu’une mode fugace, c’est un témoignage de la société et un manifeste du génie français des trente glorieuses …
Musée Christian Dior, Villa Les Rhumbs, 1, rue d’Estouteville, Granville. 8 €.