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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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5 mai 2018

A la guerre comme à la guerre, souvenirs d'enfance de Tomi Ungerer

Tomi Ungerer

Adolf

raus

1943

 

 

On ne résiste pas à un livre de Tomi Ungerer.

Les Trois brigands, Crictor, Otto, Pas de baisers pour maman, tant d’autres personnages qui peuplent l’imaginaire de nos enfants …

Celui-ci a été publié en 1991, mais je ne l’avais jamais lu. Ce sont les souvenirs d’une enfance plongée dans une guerre terriblement cruelle, une nouvelle fois, pour les Alsaciens. Jean-Thomas va devoir changer de prénom – il devient Hans – changer de langue – apprendre l’Allemand et l’écriture gothique – être contraint de dessiner la caricature d’un juif - assister à l’envahissement puis à l’annexion de sa région et enfin à la Libération de Colmar, vivre les privations d’une famille où sa mère, veuve, doit s’occuper de ses quatre enfants.

Des expériences éprouvantes avec pour viatique un don inné pour le dessin et une vision pleine de dérision du monde. Un talent extraordinairement précoce, l’amour de la littérature française, la haine du totalitarisme, et la figure tutélaire de la mère : belle, intelligente, attachée à ses racines bourgeoises mais aussi comédienne, manipulatrice, habile à tournebouler l’occupant pour arriver à ses fins. J’en veux pour preuve ce passage :

« Le français était interdit par la loi, mais nous continuions en famille à le parler. J’en veux pour preuve le journal que j’ai tenu un certain temps, rédigé dans un français aussi perfectionné que du petit nègre. Aussi ma mère avait-elle été dénoncée, et convoquée par les autorités nazies. Par la suite, j’ai raconté que c’était la Gestapo, mais je n’en suis pas sûr. Toujours est-il que, pour cette convocation, ma mère s’était faite très belle, et sachant que les fascistes mettaient la Deutsche Mutter, la mère allemande, sur un piédestal, elle m’emmena. Astuce de renarde, sachant qu’une mère c’est une chose, mais accompagnée d’un fiston, c’est une mère avec preuve à l’appui. J’étais plutôt effrayé mais Maman me rassurait en disant plus ou moins, et là j’improvise :
- Ne t’en fais pas, ce sont tous des imbéciles... »

Un petit livre émouvant, plein de croquis et de réminiscences, avec l’humour délicieusement décapant d’un des ténors de littérature enfantine – et pas seulement.

 

A la guerre comme à la guerre, dessins et souvenirs d’enfance de Tomi Ungerer – éditions Médium (L’école des loisirs) 118 p., 11€

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