Lumières : carte blanche à Christian Lacroix
Rémanences, réminiscences, correspondances : ceux et celles qui s'intéressent au style et à la mode vont se régaler ….
Un discret musée niché au cœur du Marais, dans le petit hôtel Denon un peu biscornu, abrite depuis 1990 la collection de meubles et objets d'art du XVIIIème siècle réunie par le couple formé par Ernest Cognacq (1839 – 1928) et son épouse Marie-Louise, mécènes fondateurs des grands magasins de La Samaritaine.
Après plusieurs mois de travaux cet été, le musée a fait peau neuve et confié la présentation de son patrimoine exceptionnel au couturier Christian Lacroix. Un choix audacieux, une mise en scène subtile, à la fois intime et théâtrale, avec la mise en valeur de correspondances évidentes entre le « grand goût » du XVIIIème français, quintessence de ce qu'il fallait posséder au début du XXème siècle quand on avait réussi dans les affaires et les arts décoratifs de notre temps.
La première salle est consacrée au couple sévère des fondateurs, la deuxième fait l’éloge du “sens et de la connaissance du 18ème siècle”. Les deux suivantes sont consacrées aux “Spectacles, bals et sociabilités”. Paris est bien la capitale des Lumières : dans cette 4ème salle, des oeuvres d’artistes d’origine étrangère fascinés par Paris. Puis on découvre, de salle en salle, les thèmes de “L’économie artistique de l’Europe”, en particulier la porcelaine, “L’exotisme du 18ème siècle”, du “Modèle antique” à la suite des découvertes de Pompéï et Herculanum, de “L’enfance et de l’éducation”, du “Portrait et émergence de l’individu” (des portraits d’hommes dont le fabuleux autoportrait de Quentin-Latour au jabot de dentelle, des portraits de femmes d'hier et d'aujourd'hui). Enfin une salle est dédiée à François Boucher, ornée de merveilleuses robes de cour, celles de l'époque et celles de Christian Lacroix, indémodables. La dernière salle, tout en haut sous la merveilleuse charpente, est consacrée au “Fables, contes et romans”.
Surtout, ne pas oublier d'admirer au passage les superbes boiseries servant d'écrins aux collections d'objets et la mise en perspective d'images de l'ultra-classicisme du temps des derniers rois Louis et des vues de notre temps.
Lumières : carte blanche à Christian Lacroix au musée Cognacq-Jay, 8 rue Elzevir, Paris 4ème. Fermé le lundi, 8€.