Giotto : François, l'humilité radieuse

Si tu ne vas pas à Assise, c'est Assise qui vient à toi....

Je ne pouvais pas laisser passer cette exposition à quelques pas de chez moi, en l'Eglise du Val de Grâce. Elle a été prolongée jusqu'au 24 mai, vous pouvez encore l'admirer.

Il s'agit de photos, bien entendu, mais "grandeur nature" et vous aurez tout loisir de les regarder en détails, sans bousculade. Et le cadre en lui-même, est remarquable : l'abbaye royale Notre dame du Val de Grâce, édifiée à la suite du voeu d'Anne d'Autriche en remerciement pour la naissance de son fils tardif, Louis XVI : un pur chef-d'oeuvre de l'art baroque français.

Revenons à Giotto (1267 - 1337) et à la vie de Saint François d'Assise - qui fut canonisé deux ans après sa mort -  telle qu'elle est illustrée dans la basilique supérieure. De quoi s'émerveiller en effet à la vue de ces tableaux d'une fraicheur éclatante. Juste de quoi se sentir en état de grâce, au sens le plus littéral du terme.

Autant que les fac-simile sans doute, les commentaires transportent dans le monde de la foi. Ils sont dus à Eloi Leclerc (OFM) et sont repris dans un petit opuscule, abondamment illustré, vendu 15 € aux éditions Ars Latina....Bienheureuses explications sur la vie et la philosophie du porteur des stigmates du Christ.
Au-delà des regards - pour la première fois dans la peinture occicentale, les personnages expriment des émotions différenciées par leur regard - j'aime les couleurs, usées par le temps, de la fresque.

Les ciels bleus, obtenus à l'époque par de la poudre de lapis-lazuli, les douces nuances des bruns et des jaunes, et surtout pour moi, les architectures. Ici, à gauche, Saint François chasse les démons de la ville d'Arezzo.

La perspective n'est pas encore totalement maitrisée mais les fonds sont peuplés de terrasses aux multiples couleurs, aussi vertigineuses les unes que les autres. Des détails aussi : les trois noeuds à la cordelière qui sert de ceinture à François, le visage du religieux entandant l'ultime confession de la Dame noble, le manteau jeté sous les pieds du jeune François par le simple d'esprit, les papes qui dorment tout habillés avec leur tiare pendant que Dieu leur envoit en songe la vision de François....
On sort de là un peu groggy. Hélas, cela ne vaut pas la vision en direct de la chapelle de l'Arena, dite des Scrovegni à Padoue, mais tout de même !