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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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30 avril 2009

Les Hannong, famille de faïenciers alsaciens

Je suis une fanatique des arts de la table et des porcelaines en particulier. Pas vraiment surprenant lorsqu'on sait combien je suis gourmande. Et toujours en recherche des étapes de cet art typiquement luxueux qui entoure l'acte de manger....

hannong_faienceLa porcelaine chinoise a si longtemps été "le" secret qu'il fallait percer, à l'instar de celui de la pierre philosophale. Comment ce secret a été redécouvert en Saxe en 1710 par l'alchimiste Böttger, grâce à l'acharnement du roi Auguste le Fort (qui maintenait en détention le pauvre alchimiste depuis treize années), dans un pays naturellement doté de mines extrêmement diversifiées ? Comment surtout, il s'est lentement diffusé par des indiscrétions, de l'espionnage industriel, jusqu'à ce qu'il devienne l'unique objectif d'une Madame de Pompadour vieillissante pour enfin aboutir aux porcelaines de Sèvres...
Une saga passionnante.

Hannong_chouUn des maillons essentiels de cette chaîne de savoirs, une des lignées d'artistes qui ont marqué à jamais le gout du XVIIIème siècle : la dynastie des Hannong à Strasbourg et Haguenau. Car avant la porcelaine à kaolin, qu'il fallait importer d'Allemagne avant qu'on ne la découvrit en Limousin, ce qui permit la fabrication à Sèvres à partir de 1770, c'est une faïence de plus en plus fine qui est utilisée. En particulier autour de nouvelles consommations à la mode : le thé, le café, le chocolat....De spectaculaires terrines en barbotine rivalisent d'audace et de réalisme.

Il convient de distinguer la faïence, une céramique à pâte tendre et poreuse, recouverte d'une glaçure opaque (un émail à base d'étain), produite initialement en Italie (à Faenza) et venue en France à la fin du XVIème siècle par Lyon puis Nevers. Ensuite, on produisit de la porcelaine tendre - sans kaolin - une céramique non poreuse, puis enfin, avec le kaolin, on put cuire les pièces à très grand feu (1200 à 1400°) et obtenir cette vitrification qui donne la couleur si blanche et le "son" de la véritable porcelaine.

Au Palais Rohan de Strasbourg se trouve l'une des plus belles collections de faïences créées par Charles-François Hannong, puis son fils Paul qui introduit la polychromie de grand feu (entre 1730 et 1735), puis vers 1745 et l'arrivée d'artistes allemands formés à Meissen, un style de décor floral de très haut niveau. Entre 1751 et 1752, Paul Hannong est le premier à produire de la porcelaine dure, à partir de kaolin importé d'Allemagne. En raison du monopole accordé à la manufacture royale  de Vincennes (ensuite transférée à Sèvres), il s'installe à Frankenthal de l'autre côté du Rhin.
Bleu_de_S_vres
Joseph Hannong (1762-1781) reprendra la fabrication de la porcelaine, avec une production de masse à décors systématiquement floraux.

Toute cette histoire fait la trame d'un excellent roman paru en 2006 : Bleu de Sèvres par Jean-Paul Desprat, qui couvre la période 1759-1769. (publié au Seuil, 631 p.) suivi de deux atres episodes : Jaune de Naples et Rouge de Paris, dont je me suis régalėe et dont l'un des personnages principaux est Pierre-Antoine Hannong, héritier de Paul. Dans le genre, je le placerais bien parmi les "polars technologiques" !

Mais si vous voulez en profiter à plein, rendez-vous à Strasbourg : cela en vaut la peine.

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