Ah, quand même !
C’est ce que dirait Jean-Marie Bigard, sans doute.
Tout de
même, malgré le côté complètement dépassé de mes notions d’économie politique
(IEP 1967, c’est bien loin !), je me demandais depuis des années si
j’étais devenue complètement stupide en ne comprenant pas comment certains
établissements financiers – je pense aux Livrets de certains établissements
européens– parvenaient à servir des taux d’intérêts supérieurs de deux points
au taux pépère de la Caisse d’Epargne, sur des dépôts à vue.
J’en étais restée aux vieux principes d’Henri Germain sur
la gestion prudente des banques de dépôts, qui ne pouvaient
« transformer » leur encaisse monétaire en l’investissant à long
terme qu’avec d’infinies précautions. Je n’avais pas pigé le génial système des
« subprimes », ou des fonds à risques.
Alors aujourd’hui, je me « marre »
symboliquement. Voici ces établissements pris les doigts dans le pot de
confiture, et que nous sommes tous en train de soutenir financièrement, du
moins virtuellement, afin d’éviter tout mouvement de panique. Je me sens moins
ridicule de n’avoir souscrit, pour mes petites réserves, qu’à des placements
classiques, sans risques et sans taux « canon ». Mais je regrette
infiniment que, pour résister à une concurrence aussi déloyale, certaines
institutions sérieuses aient cru judicieux de s’embarquer sur ces supports
pourris afin d’améliorer le taux de rentabilité de leurs avoirs, notamment pour
satisfaire à la demande pressante de leurs clients.
Et je retrouve là des notions connues : de mon temps,
au siècle dernier, il existait des banques spécialisées dans le financement
d’entreprises pas sérieuses, qui prenaient de gros risques et des agios
considérables. Leurs actionnaires, le faisaient en toute connaissance de cause,
parfois à partir de fonds propres. Et si elles gagnaient leur vie, ce n’était
pas volé (sauf exceptions telle cette affaire célèbre de « portage
financier » qui a mal tourné). Dans le milieu bancaire où j’ai travaillé
vingt ans, nous les connaissions de réputation. Tous les gros risques ne se
terminaient pas en catastrophes financières, et dans ce cas, l’entrepreneur et
son banquier raflaient le gros lot. La différence, c’est qu’un système similaire
– la dérégulation financière étant devenue la règle aux Etats-Unis - a été
proposé, voire imposé, à des particuliers parmi les plus vulnérables, pour
lesquels l’impossibilité de rembourser était inéluctable. Quelle importance
pour la banque puisque entre-temps, elle avait refilé le mistigri à une société
de « titrisation » ? Cela s’apparente à de la
« cavalerie », où on rembourse un prêt avec un autre emprunt et ainsi
de suite, comme le Sapeur Camember remplissait sans cesse ses trous….Gare au
dernier de la chaîne !
En France, nous avons appris à dire non à un plan de financement
immobilier déséquilibré. Jamais plus de 33% du revenu, en principe, ce qui est
déjà beaucoup….mais on ignore souvent le réel taux d’endettement sur crédits
renouvelables. Notre relative vertu (selon le très révérend Michel Pébereau, le
seul Banquier sérieux de la planète), ne nous protègera sans doute pas d’une
hausse des taux, ralentissant le flux des transactions. Je plains ceux qui ont
un bien à vendre vite…..Ceux qui sont en capacité d’acheter pourront-ils saisir
les opportunités ?