A propos de la "Journée des Femmes"
J'inaugure mon 300° message par une nouvelle catégorie : Coup de gueule !
Après 40
années de pratique professionnelle, je suis toujours et encore atterrée par le
lamento récurrent de tous ceux qui déplorent, souvent avec hypocrisie, la
différence de rémunération entre hommes et femmes. Seul constat
encourageant : celle-ci ne serait « plus » que de 7% !
Je
constate toutefois que les raisons de ce retard ne sont pas toutes
citées : la plus couramment admise est le risque, pour l’employeur, que
représente les grossesses successives des candidates. Comme tout le monde le
sait, chaque femme exerçant une activité professionnelle met au monde plus de
trois enfants, au détriment du même employeur….donc, celui-ci anticipe !
L’ennui,
c’est que d’après une récente enquête réalisée sur des hommes et femmes (mais
n’ayant eu aucun enfant), tous issus de très grandes écoles comme Centrale et
Polytechnique, leur rémunération après dix années de carrière demeurent
décalées, en faveur des hommes, nécessairement…mais vous l’auriez parié.
Alors,
quelles autres raisons ? L’une est liée à la double fonction de mère et de
collaboratrice : c’est au moment où la carrière décolle, vers trente ans,
que les absences, quoique courtes, dues aux maternités, privent les femmes
d’opportunités de promotion. Ensuite, au fait que généralement, à l’embauche,
les filles sont moins gourmandes – ou moins bien informées – et que ce retard
ne se rattrape jamais. Je ne parle pas du choix, à un moment donné, du temps
partiel, qui vous fait considérer immanquablement par votre employeur comme
moins impliquée, alors que dans la plupart des cas, la femme fait « en
douce » ce qu’elle n’aurait pas fait « au bureau » le mercredi.
D’où un gain de productivité au bénéfice exclusif de l’employeur qui ampute de
20% le salaire de sa collaboratrice consacrant son mercredi à ses chères têtes
blondes. Ceci est particulièrement vrai pour les femmes cadres, dont il est
difficile de mesurer avec objectivité la contribution à l’entreprise, son
travail étant rarement payé « aux pièces ».
Un autre
motif peut être avancé : soit par goût, soit parce que leurs compétences
en termes de négociation et de persuasion y sont plus généralement reconnues,
on promeut préférentiellement les femmes et on les maintient volontiers dans
des carrières « fonctionnelles », des attributions
horizontales : ressources humaines, communication, formation, qualité, juridique,
logistique….qui sont rarement celles qui parviennent au top, de là le fameux
« plafond de verre ».
Donc, à
vous les filles, quelques conseils :
- faites
des enfants si vous le désirez, de préférence en début de carrière car ce n’est
pas là qu’on vous proposera d’entrer au Conseil d’Administration. C’est
magique, c’est un bonheur qui dure toute la vie (certains emmerdements aussi) et
de toute façon, on vous le fait payer d’avance,
- n’acceptez
pas n’importe quel salaire pour décrocher un job, vous le regretterez toujours,
- ne
vous laissez pas enfermer dans des carrières fonctionnelles. C’est bien d’y
passer car très instructif, mais il faut postuler à des fonctions de
management, même si parfois, vous essuierez des rebuffades : surtout ne
pas se décourager. Le management est aussi l’affaire des femmes !
- évitez
de passer, même temporairement, à temps partiel !
Voici ma
réaction matinale sur la bouffonnerie qu’est à mes yeux la « journée de la
Femme ». De toutes manières, cela n’est qu’une question de temps, car nous
sommes plus nombreuses, obtenons de meilleurs résultats universitaires car nous
avons le goût du travail et un sens inné de l’organisation et de la
négociation, et qu’il n’y a rien de plus enrichissant pour comprendre le monde
que d’élever – au sens littéral – des enfants. Un de ces jours, le sexe fort,
ce sera nous, ou plutôt VOUS, étant donné mon grand âge.