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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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29 février 2024

Peuple de colères, par Christophe Barbier

« Sous les pavés, le ressentiment ! », ainsi pourrait-on résumer cet ouvrage historico-politique qui cherche dans le passé les explications à notre présent cycliquement tempétueux.

Christophe Barbier, qui nous reconnaissons immédiatement à sa longue écharpe rouge en tant que journaliste, est aussi historien et comédien de théâtre. Il se fait ici sociologue et tribun politique libéral, et ce qui n’est pas si fréquent.

Il nous rappelle la résurgence séculaire des colères et violences qui ont émaillé la vie politique de la France depuis le XIIIème siècle (les Pastoureaux)  jusqu’à nos jours (les Gilets jaunes) et en souligne les constantes. Il souligne le cocktail explosif des mouvements de rébellion : récrimination fiscale, contestation du pouvoir central et des élites, affirmation identitaire.

Violence anti nobiliaire, agression de dépositaires de charges royales, attaque des « sachants », la jacquerie d’ancien régime demeure un mouvement anti élitiste comme préfiguration de la lutte des classes. La dimension religieuse intervient plus tard, contestant l’ordre social terrestre et féodal. Elle s’assortit aussi souvent d’une dimension antisémite – les pastoureaux en 1320, encore – provoquant alors des pogroms.

Pour les Gilets jaunes, leurs héritiers issus de la France périphérique, les élus sont forcément corrompus, les technocrates forcément incompétents, les médias forcément stipendiés, avec ici aussi un zeste d’antisémitisme (les quenelles).

Mais la France silencieuse ne suit pas : la République, oui ; la chienlit, surtout pas. Pour Jean-Luc Mélenchon, par exemple, il faut réussir la Commune, accomplir le rêve conventionnel (le principe de révocation des élus par le peuple) et pour ce faire, il faut organiser la destruction de la gauche réformiste, celle qui descend de la IIIème République, raser les restes du Front populaire. Il recherche donc l’électorat le plus agressif et le soutien des banlieues musulmanes : c’est par la rue qu’il espère conquérir le pouvoir.

Cependant, les mobilisations ne se produisent plus de nos jours quand la crise écrase tout le monde – famine, suspicion d’accaparement des denrées de première nécessité, nécessité de financer une guerre – mais quand la conjoncture repart et qu’il y a des richesses à partager. Le prolétariat ne supporte plus la propriété non partagée et se montre inflexible sur les acquis sociaux.

Et le pouvoir central, à travers les siècles, utilise les mêmes outils : d’abord le bâton (la répression, qui fut parfois extrême) puis la carotte (nouvelles enveloppes budgétaires, amnistie).

Un document tout à fait éclairant est donné en annexe : la frise des révoltes, page 311. Raconter les soulèvements d’hier permet de comprendre celles de demain. Mais ne les empêchera pas.

 

Peuple de révoltes, essai de Christophe Barbier, édité chez Fayard, 318 p., 20€

Commentaires
M
Je suis RAVIE de recevoir de nouveau vos mails que je ne recevais plus depuis longtemps !
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